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4ème édition du Grand Prix Francophilie des Médias : confidences avec G-Laurentine ASSIGA 

La 4ème édition de la grande messe des journalistes culturels s’est tenue cette année du 24 au 31 Juillet dans plusieurs lieux emblématiques de la capitale politique du Cameroun : Yaoundé. Malgré quelques obstacles rencontrés autour de l’organisation, l’évènement était un grand succès; il ne cesse de s’embellir au fil du temps. La promotrice Laurentine G-ASSIGA s’est prêtée au jeu de nos questions et a partagé avec nous ses impressions.

Qu’est-ce qui vous a motivé à mettre sur pied un tel projet ?

C’est tout simplement le besoin de reconnaissance des journalistes culturels. Dans les rédactions c’étaient des stigmatisés, des marginalisés. Des chevaux non partants en fait. Pourtant l’information culturelle est vraiment la plaque tournante. Le monde est culture en fait.  Il n’y a qu’à voir : on parle culture, on mange culture, on s’habille culture… De plus, ces professionnels sont des personnes très cultivées. Moi-même étant journaliste culturelle, je trouvais que nous n’étions pas assez valorisés. Dès lors, pour réparer cette impaire, il fallait d’abord faire un plaidoyer à nos patrons car je fais partie des gens qui proposent avant de revendiquer. Il s’agissait donc de faire comprendre aux gens qui ne mesuraient véritablement pas les enjeux du métier de journaliste culturel que la culture vend énormément. La culture est importante dans la géostratégie et la politique. D’ailleurs, remarquez que pour faire passer une information politique, sociale ou économique, beaucoup passe par la culture.

Il s’agissait également de remotiver les journalistes culturels pour qu’ils ne se sentent plus marginalisés. Je vais vous dire, c’est un projet à la base que je voulais faire toute seule depuis 2015 mais je me suis rendue compte que nous avions besoin d’être rassemblés pour mieux communiquer sur la situation de la presse culturelle.

Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés?

L’un des premiers obstacles était l’indifférence des personnes concernées. Beaucoup n’arrivaient pas à comprendre que nous sommes là pour construire, nous sommes là pour promouvoir nos propres valeurs et même si cette occasion peut au fil du temps rapporter de l’argent, il conviendrait pour un début d’adopter un esprit de sacrifice.  La première édition a été faite à 100 % à fonds personnels. On avait pas de partenaires. À la deuxième édition on a eu uniquement les brasseries comme partenaire. Pour le reste je me suis sacrifiée et j’ai investi de l’argent qui pouvait m’aider à résoudre certains problèmes personnels. J’ai proposé à certains collègues de chercher des partenaires et leur ai promis de leur octroyer un pourcentage consistant s’ils réussissaient à démarcher un partenaire. Vous savez, ça fait très mal de voir des journalistes culturels qui travaillent énormément mais n’arrivent pas à satisfaire certains besoins primaires.

Au-delà de ça, la grosse difficulté était l’intérêt malsaine des annonceurs. Parfois un sponsor fait des promesses qu’il ne tient pas et après vous devenez ridicule devant l’équipe et les lauréats.

On fait également face à beaucoup de bashing, beaucoup de médisance et de sabotage provenants de nos propres collègues journalistes. Il y a des gens qui n’acceptent pas que les moutons noirs d’hier puissent également être en lumière. J’en appelle donc à la solidarité entre collègues. Les journalistes culturels doivent se rassembler et s’entraider pour revendiquer cette justice professionnelle.

Quel est le bilan de cette édition ?

Le bilan est positif, je suis une promotrice comblée car j’ai eu cet engouement Africain. J’ai eu cet engouement des confrères et des institutions autour de l’évènement. J’ai eu des personnalités même en anonymat qui m’ont envoyé ainsi qu’à tous les membres de l’association des lots d’encouragements, des félicitations, des conseils pour l’amélioration de l’évènement. Tout ce que nous avons proposé comme amélioration cette année s’est tenu. Par exemple le village de la presse culturelle. Il y’avait à ce niveau une belle ambiance avec tous les finalistes qui sont venus des quatre coins du monde ; en dehors des talents journalistiques, chacun pouvait démontrer d’autres talents.

J’ai aussi été très émue par l’intérêt que nous portent désormais les autorités. Les finalistes ont été reçus par l’ambassadeur de côte d’ivoire, le MINAC a dépêché son SG pour être à la cérémonie d’ouverture, le haut-commissariat du Canada , en tant que parrain de cette édition était représenté. J’ai surtout apprécié l’innovation des mini reporters qui a permis de partager avec les plus jeunes les valeurs du métier parce que quand on est un bon journaliste on est pas un menteur. Il s’agissait donc d’inculquer à ces plus jeunes le culte du travail, la discipline et l’amour de la patrie car si nous ne valorisons pas notre culture, elle va mourir et nous resterons absorbés par celles des autres.

C’était une édition spéciale. Même si je continue de rencontrer de véritables obstacles sur le chemin, je me dis toujours, c’est l’œuvre de Dieu, je dois aller jusqu’au bout.

Je tenais également à préciser que nous sommes en route pour préparer la 5ème édition qui sera une édition anniversaire et qui se tiendra toujours en Juillet de l’année prochaine.

Je voudrais saisir votre interview pour féliciter et dire merci à tous ces membres de l’association qui ont mouillé les maillots, à tous ces inconnus qui se sont associés à l’organisation pour qu’elle soit belle, à tous ces jeunes bénévoles qui se sont également mobilisés pour être partie prenante de cette aventure. Merci également à tous les sponsors, institutions et particuliers qui nous ont fait confiance. Nous avons besoin de cette énergie positive pour vraiment poser la culture au firmament. Merci également à vous, qui nous permettez de parler de cet évènement.

Propos recueillis par Elsa BANG.

 

Written by Elsa Bang

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