Le ton est monté entre la présidente du Conseil d’administration du REDHAC, Alice Nkom du Redhac et Paul Atanga Nji le ministre de l’administration territoriale suite à la suspension pour trois mois, des activités de l’ONG par ce dernier.
Dans la soirée du lundi 9 décembre 2024, Me Alice Nkom s’est rendue au siège du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) à Bali sous les objectifs des cameras de plusieurs medias pour enlever le scellé mis par les autorités administratives.
Sur place, l’avocate et défenseure des droits humains a demandé devant micro des médias au président Paul Biya d’arrêter le MINAT. « Il faut que le Président Paul Biya arrête son ministre de l’administration territoriale s’il veut la paix et s’il veut une année électorale démocratique en 2025 dans le calme », a lancé l’avocate.
Pour Alice Nkom, la décision du ministre Paul Atanga Nji est « insensée » et « illégale ». Le membre du gouvernement agit comme s’il « voulait absolument protéger son poste en prenant des décisions pour plaire au chef de l’Etat ».
« Est-ce que je suis une femme pour me faire aimer »
Afin d’expliquer les mobiles de son action à l’opinion, le MINAT a organisé ce mardi 10 décembre 2024, une conférence de presse dans son cabinet. Paul Atanga Nji a souligné que cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un contrôle rigoureux visant à s’assurer que toutes les ONG opérants sur le territoire national respectent scrupuleusement la législation en vigueur, tant au niveau national qu’international.
« 5 associations sur la base du rapport de l’ANIF ont reçu 16 milliards en un temps record. Alors que l’ensemble des actions quand vous regardez ce que nous constatons et les investissements c’est moins de 400 millions de Francs. Avec ce type de mesures [Fermeture des ONG Ndrl] les gens ne vont pas m’aimer. Est-ce que je suis une femme pour me faire aimer », a déclaré Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration Territoriale.
Le ministre a également rappelé l’importance d’une collaboration constructive entre l’État et la société civile, tout en insistant sur la nécessité pour les ONG de mener leurs activités dans le respect des valeurs républicaines.
Le ton monte avec le préfet du wouri
Dans la foulé de ce conflit qui oppose l’avocat au barreau du Cameroun et le MINAT, le préfet du Wouri a servi une convocation ce mardi 10 Décembre 2024 à Me Alice Nkom pour avoir enlevé le scellé mis par les autorités administratives sur les portes des son ONG.Mais comme on pouvait s’y attendre, l’avocate et PCA du Redhac Me Alice Nkom n’y est pas allée, mardi, répondre à cette convocation administrative.
Dans une lettre au ton ferme, Me Alice Ngom s’est expliquée, soulignant qu’elle n’était pas au chômage. La robe noire estime d’ailleurs que la convocation du préfet du Wouri relève de la provocation.
« Je ne suis pas au chômage pour répondre à une convocation qui est allée se promener dans tout le canton Bell avant d’arriver ici et 1h avant l’heure à laquelle il me convoque. Je dis non. Il peut faire ce qu’il veut, il ne me verra pas s’il me convoque de cette manière illégale. Même la justice qui est une institution se donne le devoir de vous convoquer, de vous citer, en vous laissant au moins 5 jours entre le moment où il vous envoie la convocation et le moment où vous devez comparaître. M le préfet ne peut pas se dispenser de cette obligation légale d’une institution comme le ministère de la justice. Je lui ai fait une lettre dans laquelle je lui ai répondu que je ne réponds pas à sa convocation. Il aurait pu envoyer ma convocation par le greffe. Mais, me l’envoyer au canton Bell, c’est de la provocation », a indiqué Me Alice Nkom.
Par ce geste de l’avocate camerounaise est en réaction à la décision du ministre de l’Administration territoriale portant suspension de plusieurs Ong dont le Redhac ou encore « Reach out Cameroon », Me Alice Nkom entend défendre jusqu’au bout les libertés que les lois de la République du Cameroun lui garantissent.
« Je ne laisserai pas une once de la liberté et des droits que m’accordent les lois de la République pour obéir aux injonctions de quelqu’un qui est préfet et qui ne sait pas retrouver un avocat régulièrement inscrit au barreau du Cameroun », assure l’avocate.