Le discours du vice capitaine des éléphants…
« Nous avons énormément appris au soir du 29 janvier où nous avons perdu contre la Guinée Équatoriale. La leçon la plus puissante, la plus difficile que nous ayons tirée de cette expérience, c’est que nous étions seuls face à notre destin. Nous étions pris entre le choc et la colère de nos supporters. En dehors de nos familles, tout le monde nous avait tourné le dos. Plus personne ne cherchait à nous rencontrer, à nous appeler ou même prendre de nos nouvelles. M. Idriss Diallo nous demandait de garder la foi et de nous accrocher à la petite lueur d’espoir de qualification qui existait… »
La réponse de l‘Adorateur Blessing, supporter Mazo
Cher Capitaine,
« Les Ivoiriens ont été les premiers à être seuls, à avoir mal, à être terriblement affectés par cette défaite synonyme d’élimination. Le peuple ne pouvait accepter une telle humiliation dans son propre pays. Le peuple était en colère, car il estimait que vous n’aviez pas mouillé le maillot, malgré les kilomètres parfois parcourus à pied pour vous soutenir. Comprenez la frustration de ce peuple après votre défaite ce jour-là.
Pourtant, c’est ce même peuple qui a décidé, dès le premier jour, d’aller brûler la maison d’une pauvre veuve à Akradjo, soupçonnée d’avoir « avalé » les buts des Éléphants. Le lendemain, les chefs de ce village se sont réunis pour conjurer le sort, promettant que les Éléphants se qualifieraient et même remporteraient la coupe.
C’est ce même peuple qui priait, toutes religions confondues, pour que le Ghana fasse match nul et que l’espoir revienne enfin.
C’est ce même peuple qui a prié pour que le Cameroun fasse également match nul face à la Gambie.
C’est ce même peuple qui a prié pour que le Mali marque et nous qualifie. Le dernier espoir résidait dans le match du Maroc.
Que n’avons-nous pas fait ? Nous avons changé nos profils aux couleurs marocaines, accordant tous les honneurs aux Marocains… Et Dieu a entendu, le Maroc a gagné. Nous étions qualifiés d’office.
La joie était indescriptible dans toute la Côte d’Ivoire. Nous étions revenus de loin. Non, vous n’étiez pas seuls. Le peuple était là. Certes, il était en colère et émotionnellement secoué le jour de votre défaite, mais il était là. Même si aujourd’hui vous prétendez qu’il vous a abandonné.
Ce peuple a rempli les stades malgré les obstacles pour y accéder. Il a chanté l’hymne national dans les stades lorsque l’équipe était malmenée ou menée, pour que vous entendiez le soutien du peuple derrière vous.
L’argent et les villas que vous avez reçus proviennent de ce même peuple. Tout ce que le peuple demande, c’est le respect et la considération. Tant que vous mouillerez le maillot, le peuple sera votre bouclier. »
Les éléphants ont-ils fait usage de « Dopage spirituel » ?
Le football décidément déchaine les passions. Il faut une union sacrée entre les acteurs (joueurs et dirigeants) et le public pour obtenir un résultat probant. Il faut aussi et surtout savoir raison garder quel que soit le résultat qui vient à sanctionner une rencontre de football. Le parcours de la Côte d’ivoire à la 44ème édition de la coupe d’Afrique des nations de football devrait plus que jamais nous inviter à plus de mesure dans nos actes, à un peu plus de rationalité dans la prise de décisions avant, pendant et après une compétition. « C’est ce même peuple qui a décidé, dès le premier jour, d’aller brûler la maison d’une pauvre veuve à Akradjo, soupçonnée d’avoir « avalé » les buts des Éléphants. » Cette déclaration si jamais elle est avérée nous semble suffisamment grave et absolument inadmissible. Cela remet au centre du débat, la problématique de la sorcellerie dans le football africain.
Loin d’être banal, le sujet de la sorcellerie dans le football en Afrique a fait l’objet de sérieuses analyses. Dans une enquête publiée par nos confrères de France 24, le 27 février 2012, le coach du Ghana, Goran Stevanovic, très critiqué après l’élimination des Blacks stars en demie finale de la CAN cette même année par la Zambie, avait indiqué dans son rapport : « Nous devons tous aider à changer la mentalité de certains joueurs qui ont usé de ‘magie noire’ pour se détruire mutuellement. » D’après le technicien serbe, ces pratiques ont été contre productives pour l’équipe, et source de désunion entre les joueurs.
Cette révélation, ne surprend guère l’ancien international ghanéen Sarfo Gyami, finaliste de la CAN en 1992. « Cela a toujours existé mais les joueurs l’utilisaient pour se protéger et généralement pour attirer la chance. Je n’ai jamais entendu parler d’une situation où les joueurs en usaient contre leurs coéquipiers. C’est une très mauvaise situation » confie-t-il à nos confrères de l’Agence France Presse.
D’autres études dignes de foi, renseignent que, des pratiques analogues sont très souvent utilisées pour neutraliser l’adversaire. Uroš Kovač, doctorant en anthropologie à l’Université d’Amsterdam en 2018, considère cette pratique comme du « Dopage Spirituel ». Pris sous ce prisme, une intervention de la FIFA pourrait être sollicitée, et des sanctions pourraient être prises à l’endroit des auteurs de ces pratiques.
L’ouverture d’une enquête plus approfondie sur le sujet en rapport notamment à la prestation de la Côte d’ivoire à la 34ème édition de la CAN n’est donc pas à exclure, et le retrait de la médaille comme c’est le cas pour les athlètes coupables de dopage chimique peut aussi être envisagé.
Sous réserve en tout cas que ces soupçons se confirment ou pas, il reste constant que le parcours des hommes d’Emerse Faé à cette compétition, la plus importante de football en Afrique cette année 2024 était absolument héroïque.