« Mutzig fête la musique » ce soir à partir de 21heures 05 minutes sur l’antenne de l’office national de radio et télédiffusion, CRTV. Au cours de cette émission spéciale produite avec le concours d’une entreprise brassicole locale, de nombreux artistes, font se relayer sur le plateau pour le plus grand bonheur des téléspectateurs. Les média concurrents offriront aussi des plateaux similaires. Aucun malheureusement ne pensera à faire une production sur Apollinaire Owona alias Chéramy de la capitale, alias Appole. Qui est réellement Apollinaire Owona ?
Le camerounais le plus célèbre des années 60.
Petit transporteur, Chéramy de la capitale devient par la force de son talent la première star camerounaise et l’un des camerounais les plus célèbres des années 1960.
Né le 11 novembre 1926 à Yaoundé, le guitariste, saxophoniste, accordéoniste, joueur de Mvet et de Mendzan, Apollinaire Owona fut aussi un auteur compositeur et interprète exceptionnel. Il est aussi connu comme le premier artiste camerounais à monter un orchestre professionnel et moderne.
Chéramy de la capitale est le tout premier artiste de cabaret au Cameroun. C’est grâce à lui que des rythmes comme le Mérengue, le Tango, la Valse, ou encore la Salsa vont être popularisés dans les grandes métropoles du pays. Avec son génie légendaire, il parvient à donner à ces rythmes une saveur locale en y introduisant des sonorités patrimoniales du Cameroun.
Chéramy de la capitale laisse également à la postérité, un héritage musicale immense. Les mélomanes lui doivent les chansons célèbres telles que, Sophie, Edin No1, Merengue Saint Paul, Merengue Pompidou, Mot Ane Zeze, Docteur Messimba, Enon Etam e Ne Aba Abui pour ne citer que ceux-là. Des musiques malheureusement difficile à trouver car malheureusement, il n y’a pas eu un travail d’archivage de ses œuvres. Ni le Ministère des Arts et de la Culture, ni la CRTV qui dispose pourtant d’une entité en charge du patrimoine audio-visuel n’ont classé ces œuvres exceptionnelles.
Chéramy de la capitale est le grand-père de la chanteuse de Bikutsi Mani Bella et du chanteur de Gospel et d’Opéra Christian Akoa. Quelques lignes sur son parcours sulfureux sont racontées dans l’ouvrage, Les Icônes de la Musique Camerounaise du journaliste Arol Ketchiemen publié en 2018 par Les éditions du Muntu.
Chéramy de la capitale se retire dans son village natal Nkollo III en 1981 après une belle riche et fructueuse carrière. Sa retraite n’est pas la plus agréable du monde. Il meurt le 11 mai 2011 dans la discrétion complète et sans avoir été reconnu et honoré à sa juste valeur.
Il n’est jamais assez tard dit-on pour se racheter. Les autorités en charge de la culture au Cameroun peuvent encore le faire, et surtout retrouver ses œuvres pour les porter à l’attentions des générations actuelles et celles avenir.