La 9ème édition de la coupe du Monde de football féminin qui vient de se dérouler en Australie et en Nouvelle-Zélande du 20 juillet au 20 août 2023 a été remportée par l’Espagne, vainqueur en finale devant l’Angleterre sur le score de un but à zéro. Un premier sacre pour la Roja qui devient à travers cette performance la 5ème nation (Etats-Unis quatre titres, Allemagne deux titres, Norvège et Japon) à soulever le trophée le plus prestigieux trophée du football féminin.
La victoire historique de l’Espagne en finale de la Coupe du Monde de football féminin va cependant être émaillée d’un incident qui enflamme les média. Le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales embrasse l’attaquante Jenni Hermoso sur la bouche avant même que celle-ci n’eut quitté le podium de l’ANZ Stadium de Sydney. L’image reprise par les médias espagnols se repend aussitôt comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux et va susciter une vague d’indignation.
Malgré l’attitude plutôt zen de la joueuse qui déclarera quelques minutes après dans un direct diffusé depuis le vestiaire de la Roja sur Instagram : « ça ne m’a pas plu, hein ! » avant d’ajouter qu’il s’agissait d’ « un geste mutuel totalement spontané en raison de l’immense joie que procure la victoire d’une Coupe du Monde », rien n’y fait. Les mouvements sexistes et féministes qualifient cet acte de Luis Rubiales d’agression sexuelle sur la No 10 de la sélection nationale espagnole de football féminin.
… Un scandale de plus
En septembre 2022, deux mois avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde de football masculin au Qatar, le quotidien espagnol El Mundo révèle que Luis Rubiales aurait utilisé l’argent de la fédération pour organiser des orgies en 2020. L’information aurait été rapportée au parquet anti-corruption par son oncle et ancien directeur de cabinet Juan Rubiales, licencié la même année au mois de juillet.
Il affirme dans une déclaration volontaire en mai que le président de la RFEF a organisé début 2020, « une fête dans un chalet privé » à Salobreña, une ville située dans la province de Grenade. « La location de cette maison était uniquement pour son plaisir personnel et celui de son équipe la plus directe, en payant les dépenses avec les cartes d’entreprise de la RFEF elle-même. » Un groupe de huit ou dix jeunes filles a été invité par l’ancien footballeur et ami du président Nené », ajoute Juan Rubiales. Si l’objet officiel de cette rencontre était quelques jours de travail, les choses ne se sont pas vraiment passées de cette façon, conclut l’ancien directeur du cabinet du président de la RFEF. Pour lui, ce n’était ni plus ni moins une ballade de villégiature.
Juan Rubiales indique également que, le 18 août 2020, son neveu lui a confié qu’il devait « trouver une formule pour apporter de l’argent à son père ». Il a proposé de l’aider avec ses propres deniers mais le président a répondu « qu’il faut trouver quelque chose pour que l’argent sorte de la RFEF ». L’oncle a refusé la proposition, ce qui aurait entraîné sa disgrâce. Enfin, Luis Rubiales aurait également utilisé les services d’un détective privé, rémunéré par les caisses de la RFEF, pour effectuer une enquête privée sur David Aganzo, le président de l’AFE, le syndicat des footballeurs espagnols.
Luis Rubiales serait-il un dirigeant léger ? Un adulte incapable de contrôler sa libido ?
En tout état de cause, les problèmes d’agressions sexuelles dans le football féminins ne sont pas l’apanage du seul président de la RFEF.
Agressions sexuelles : le cheval de Troie du football féminin.
Les cas d’agressions sexuelles sont légions dans le football féminin. Le 03 octobre 2022, l’Agence France Presse (AFP) annonce la Ligue nord-américaine de football féminin (NWSL) a banni à vie la veille, quatre entraîneurs (Paul Riley, Christy Holly, Rory Dames et Richie Burke) accusés d’agressions sexuelles sur des joueuses, un mois après avoir rendu son rapport d’enquête sur des violences et maltraitances commis depuis plusieurs années.
Ces sanctions sont prises après 14 mois d’examen des plaintes de joueuses de la NWSL, victimes entre autre de manipulation, de brimades et de représailles, ainsi que de la passivité et de l’inaction coupables des propriétaires et dirigeants d’un certain nombre de clubs.
En décembre 2020, le journal l’Équipe publie une enquête sur des affaires d’agressions sexuelles au sein du centre de formation de la Fédération Française de Football (FFF), à Clairefontaine. Sans la nommer, l’enquête évoque l’entraineuse Angélique Roujas, soupçonnée d’agressions sexuelles sur des jeunes femmes pensionnaires du centre, parfois mineures.
Suite à une menace de grève des joueuses, la FFF prescrira une enquête interne. Elle montrera que, les joueuses concernées sont 5 ou 6, de jeunes femmes qui ont été pensionnaires à Clairefontaine, entre 2004 et 2006. Le 25 octobre, Angélique Roujas est licenciée pour faute grave, à savoir « relation intime déplacée avec des pensionnaires de l’INF Clairefontaine ». D’autres exemples de cette même nature peuvent être cités. Le football féminin camerounais ne fait pas exception à ces actes odieux. Malheureusement, les pauvres victimes craignent pour la plus part de dénoncer les auteurs qui le plus souvent brandissent la menace d’user de leur pouvoir pour mettre définitivement fin à leurs carrières si d’aventure elles s’obstinaient à s’exprimer sur les agressions dont elles sont victimes.