C’est devant plus de 100 invités constitués de cinéastes, journalistes, enseignants de cinéma et étudiants que le réalisateur Camerounais Gérard Désiré Nguele a dévoilé son tout premier long métrage d’1hr hr 35 minutes: Destinée.
Le début de la projection était prévu pour 19hr 00. La ponctualité était de mise pour bon nombre. En effet, à 19 hr 01, la salle était déjà garnie.
En attendant le premier clap, certains ont profité pour discuter,se remémorer de bons souvenirs. C’était un moment d’échanges très chaleureux.
Il a fallu attendre 19 hr 45 pour enttendre les bruits du premier clap.
Dans un silence et des conditions adéquates, le public dégustait l’entrée. C’était un court métrage documentaire intitulé « Mémoires d’une destinée ».
Le court métrage mettait en scène des témoignages de l’équipe technique et artistique du film à propos de la production en passant par la post production et en abordant la préproduction.
Avec quelques révélations, les acteurs exprimaient leur bonheur d’avoir travaillé au coté du réalisateur Gérard Désiré Nguélé, mais aussi des obstacles rencontrés sur le terrain.
Le film a également arraché au public quelques fous rires en montrant le réalisateur et d’autres acteurs esquisser quelques pas de danses. Ceci témoignait à suffisance de la bonne ambiance qui régnait durant le tournage.
Cette séance s’est terminée par des applaudissements d’un public ému.
Le 2e clap a été effectué à 20 hr 15 minutes. Il s’agissait de la projection du film proprement dit.
Destinée le film: un début de film alléchant toutefois, une fin fade.
L’histoire commence avec l’arrestation de TUNDE par le commissaire principal et son collègue. Malgré sa relaxation, ces derniers lui donnent des invectives. Ils lui promettent qu’il restera dans le viseur de la police jusqu’à ce qu’il avoue où il a caché un certain trésor.
Par la suite, TUNDE est affecté dans une menuiserie moderne dirrigée de main de fer par un patron véreux et boolémique, et son neveu, un directeur impitoyable; tous deux insensibles aux requêtes de leurs employés.
Bien qu’ayant repris contact avec son oncle malheuresement devenu fou et son meilleur ami qui lui apporte un fort soutien psychologique, TUNDE a toujours en tête un seul véritable objectif: retrouver sa bien aimée MOLI. Chose qu’il fera mais dans des conditions désagréables qui le mettront sur la route d’une autre destinée.
Il découvre une MOLI enceinte de son meilleur ami. Quel choc pour TUNDE qui considérait ce dernier comme un véritable frère. Malgré des retrouvailles décevantes, MOLI est sur le point d’accoucher et l’hôpital semble inaccessible. TUNDÉ décidera donc de se coller à la tâche jusqu’à ce que son ami arrive, avec du sang sur les mains, désorienté et avouant avoir commis un meurtre.
Les aveux ne distraient pas TUNDE qui continue de faire ce qu’il faisait.
Après avoir réussi à mettre l’enfant au monde, TUNDE le remettra dans les bras de son géniteur en le prénommant destinée avant de porter le fardeau de son meilleur ami en se rendant à la police à sa place.
Le mystère du trésor caché est résolu grace à l’oncle de TUNDE. Toujours fou, il remet au meilleur ami de TUNDE une clé qui résoudra l’histoire mystérieuse du premier meurtre pour lequel était accusé TUNDE et leur garantira à tous un avenir heureux.
TUNDE est libéré et rentre en famille. Sa nouvelle bien aimée, l’ex prostitué l’accueil à bras ouverts.
Une fin fade
Bien que chuchotants déjà sur la qualité du film, les spectateurs restaient chaleureux. Jusque là, c’était des rires et des sourires de satisfaction dans la salle. Cependant, les chuchottements critiques et murmures du public s’intensifieront autour de certaines séquences.
Tout d’abord au lieu du franc cfa, les valises d’argent cachées dévoilent plutôt des dollards.
Un spectateur s’interroge: » les dollards mon frère , le film se déroule pourtant au Cameroun. Pourquoi pas le fcfa? »
Par la suite le public est troublé. Certains ne comprennent pas pourquoi l’oncle de TUNDE n’a pas lui même remis la clé de la liberté à la police ou à TUNDE?
Là où le film laisse davantage le public insatisfait, c’est la séquence pendant laquelle MOLI remet l’acte de naissance du petit Destiné( 8 ans par là) à TUNDE avec un visage zen, bien que forçant la tristesse.
Destinée devient il donc finalement le fils adoptif de TUNDE?
Une autre séquence du même genre suscite l’interrogation d’une cinéphile: » TUNDE a juste emmené l’enfant pêcher ou alors il l’a adopté? Si oui, pourquoi? Je ne comprends pas. »
Elle continue:
« Etant en prison, où a t’il appris à s’occuper d’un enfant mieux que ses géniteurs? »
Un cinéphile dans la salle la rejoint:
« Ils sont riches maintenant, il n’ont donc pas des soucis les empêchant de s’occuper de leur petit garçon. Je ne comprends rien. »
La fin du film a laissé un goût d’inachevé. Le commissaire principal coupable du meurtre pour lequel avait été accusé TUNDE aurait dû être arrêté; on se demande aussi à quel moment la prostitué et TUNDE sont tombés amoureux.
On se demande si ces coquilles sont les résultantes d’un scénario désorienté ou de la première expérience du réalisateur sur un long métrage.
Un film qui mérite tout de même d’être regardé.
C’était le premier long métrage du réalisateur. Pour un premier éssai, le film de Gérard Nguele a eu le mérite de tenir les spectateurs en haleine pendant toute sa durée. Certaines coquilles techniques peuvent donc etre tolérées.
Les acteurs ont très bien incarné leurs rôles. Le jeu incroyable d’Axel Abessolo aka TUNDÉ dans le film; de Yacobin Yarro et du commissaire principal incarné par Rigobert TAMWA a véritablement captivé le public.
Bien que le français était un peu trop soutenu avec des intonations occidentales pour certains, parlant d’ Axel Abessolo, l’acteur a été magnifique à l’écran. Son regard hagard et sa démarche désorientée, déboussolée sublimaient non seulement le film, mais donnait également un véritable sens à la trame du personnage incarné par l’acteur: un homme déboussolé.
Patrick Oyono, égal à lui même, n’a pas surpris le public, l’acteur est connu pour ses rôles et son charisme sulfureux; la prostitué incarnée par Edith Ekoumou s’est parfaitement mise à nue dans le film. Ce fut un plaisir de voir un acteur anglophone comme Valery Nchifor s’exprimer avec autant d’éloquence en français; Jeanine Biloa aka Moli quant à elle a dégagé l’émotion nécessaire pendant ses retrouvailles avec TUNDE, et son accouchement. Marie ines Ayonga est parfaitement quittée de la bad girl dans les secrets de l’amour de benjamin EYAGA à une soeur de l’église catholique dans le film. Le petit Aaron Nguele a su imposer son jeu d’acteur au milieu de tant d’expérience et de maturité. Ce fut galvanisant de voir des doyens comme Marthe toto, Daniel Ndo, André BANG, Jacobin Yarro, crever l’écran avec leur jeu.
Les musiques patrimoniales jouées dans le film créaient une ambiance familiale.
L’étallonage était en parfaite harmonie avec les décors. On a revu à travers le film la beauté et la magnificence de certains coins du Cameroun. Les costumes quant à eux étaient adéquats aux personnages.
Après le clap de fin du film, la place était donnée à la présentation en présentiel de l’équipe technique, au discours du réalisateur et aux photos de famille.
Malgré quelques petites erreurs, Destinée est sans aucun doute l’un des films Camerounais de cette année à regarder à tout prix.
Les dés sont désormais lancés. La perfection n’étant pas de ce monde,il parait évident qu’au fil du temps, le réalisateur produira des oeuvres plus propres.
Le film sortira le 4 Aout à canal olympia et sera désormais disponibles dans les salles de cinéma.