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Donald Trump bientôt arrêté : ce qui lui est reproché

Une enquête judiciaire cible l’ancien président américain sur le paiement de 130 000 dollars à la star du porno Stormy Daniels en 2016. Une grande première dans la longue histoire de la Maison blanche.

Republican presidential candidate Donald Trump speaks during a campaign rally at the Oklahoma State Fair in Oklahoma City in September.

Au départ, rien d’illégal dans l’action entreprise par l’équipe de Donald Trump, informée de la liaison adultérine entre la vedette du cinéma pour adultes Stormy Daniels et le 45ème président des Etats Unis, et dont le récit devait faire l’objet d’une vente aux médias. Michael Cohen, un des avocats de Trump, avait immédiatement saisi la balle au bond en versant 130.000 dollars à Daniels pour qu’elle se taise. Les lois de l’Etat de New-York, où s’est passé un autre épisode de la sulfureuse vie de l’ex-homme d’Etat, ne s’opposent pas à ces manœuvres entre tiers, sauf en cas de falsification des documents. Vice de forme constaté par les procureurs qui ont revisité ce dossier ouvert en 2016 et dans lequel ils ont découvert qu’il s’agissait plutôt de « frais judiciaires » remboursés à Cohen. Une affaire dont la gravité est sortie depuis peu du cadre pénal pour ouvrir une page bien plus sensible, celle de l’infraction électorale.

Cette relation adultérine a lieu avant que Donald Trump n’annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2016. L’aurait-il sciemment dissimulé pour ne pas provoquer le mécontentement de sa base électorale, dogmatiquement opposée à ces pratiques ? Les procureurs new-yorkais sont en tout cas à deux doigts d’alléguer ces soupçons, renforçant davantage l’accusation de crime auquel Donald Trump pourrait facilement être confronté. Une action qui n’est pas pourtant sans risque. L’histoire politique américaine ignore encore à date l’exemple d’une procédure ayant abouti à la destitution d’un homme politique accusé d’avoir franchi le Rubicon du financement illicite d’une campagne ou de dépenses personnelles sur fonds publics. «Ce sera difficile », déclare Catherine Christian, ancienne procureure financière du procureur de la ville de New York.

Guilty or not ?

La question est celle qui circule dans tous les couloirs de l’establishment judiciaire des Etats-Unis. Trump sera-t-il inculpé ou non ? Une interrogation que se pose également Alvin Bragg, actuel procureur de la ville de New York, à qui mission revient d’engager des poursuites. Le grand jury qu’il a constitué la semaine dernière pour déterminer l’opportunité des charges rassemblées contre l’ancien locataire-en-chef de la Maison blanche semble ne pas lui avoir apporté le quitus dont il a besoin. Un avantage que n’ont pas boudé les avocats de Trump, qui ont annoncé que leur client s’est vu offrir la possibilité par le même jury de comparaitre libre. Un signe qui trahit la fermeture très imminente du dossier. Pronostic à risque pourtant pour qui connait les retournements en règle dans les prétoires.

Si le grand jury de Bragg n’est pas très bavard sur son travail de ces derniers jours, quelques signes laisseraient entrevoir une apothéose peu favorable à Trump et ses avocats. Bragg, connu pour ses accointances dans les milieux démocrates, naturellement opposés au dogme de l’ « America First » et des externalités racistes qui en émanent si souvent, ne bouderait pas le plaisir d’inscrire son nom dans la short list de ceux à travers qui des puissants américains ont fini avec des menottes aux poignets. Un scénario qui pourra bien être mis en scène à Mar-a-Lago, localité huppé de la Floride où est située la résidence de Trump, et qui se prolongera au tribunal de New York où il comparaitra. Joli tableau pour qui rêve du scalp de Donald Trump accroché à un mur mais qui n’est pas sans zone d’ombre. La singularité historique de l’affaire – un président américain ou son prédécesseur n’a jamais été ciblé par une telle procédure – et l’équation sécuritaire, les récents incidents au Capitole et les velléités de suprématistes assumés étant de réelles piqures de rappel, sont des épines que le parquet de New York peine à retirer de son pied.

2020  

Autre débat né à la périphérie de ce thriller politico-judiciaire, où le droit s’affirme faiblement face au gigantisme d’un accusé en quête de rédemption politique : Trump a-t-il perdu une occasion de retourner à la Maison blanche en 2022 ? Mince espoir pour qui croirait que c’est à bonne source morale que s’abreuve le politiquement correct sous le ciel américain. Politique-fiction pourtant.  Quoi qu’il arrive – Daniels ou quelque autre barricade érigé devant lui -, rien n’arrêtera le grand prêtre de la curie du « Make America Great Again » d’avancer à grands pas vers le bureau ovale. Une assurance confirmée par ses avocats et corroborée par les lois en vigueur au pays de l’Uncle Sam.  « En fait, rien dans la législation américaine n’empêche un candidat reconnu coupable d’un crime de faire campagne et d’exercer la fonction de président – même depuis la prison », a indiqué Cohen à la presse cette semaine.

Un mince espoir cependant en ces temps marqués par des divisions intestines dans le Great Old Party. Les républicains, affaiblis par des scores électoraux en dessous de la moyenne, sont en quête d’un visage qui symboliserait l’unité perdue. « Are you fired, mister Trump ? » Seul l’avenir saura répondre à cette question.

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