Pendant sa première année à la tête des États-Unis, Donald Trump a engagé plusieurs actions judiciaires visant à empêcher la publication d’ouvrages sur lui. En 2018, il avait donc attaqué Le Feu et la Fureur de Michael Wolff (traduit en français par Valérie Le Plouhinec, Nikki Copper, Isabelle Chelley et Michel Faure, Robert Laffont), en écrivant un courrier menaçant à son éditeur, Henry Holt. Ensuite, le magnat de l’immobilier et de la télé-réalité avait attaqué la maison Simon & Schuster pour un livre d’entretiens qu’il avait réalisé avec Bob Woodward, ainsi qu’un livre sur la gestion financière de son empire (People vs. Donald Trump : An Inside Account, de Mark Pomerantz) ou encore un livre sur Melania Trump, écrit par Stephanie Winston Wolkoff.
Souvent, ces différentes procédures visent à intimidation, en promettant d’importants dommages financiers. Elles font également partie d’une stratégie déjà largement testée par Donald Trump et ses proches : réagir rapidement lorsque l’on est confronté à des difficultés. Les accusations de cette nature ne sont pas récentes, pour le milliardaire. En 2005, à titre d’exemple, il avait porté plainte contre l’écrivain Timothy L. O’Brien pour le contenu de son livre TrumpNation : The Art of Being The Donald (Grand Central Publishing), en lui demandant 6 milliards de dommages – intérêts. En 2011, la plainte a été classée sans suite en appel, mais elle a néanmoins satisfait le milliardaire, qui affirmait avoir « dépensé un peu d’argent en frais de justice, mais qu’eux [l’auteur et l’éditeur] en avaient dépensé beaucoup plus ». Je l’ai fait afin de lui gâcher la vie, et cela m’a procuré du bonheur. », d’après des confidences contenues dans un article du Washington Post et faites à un de ses proches collaborateurs d’alors.
Quelques jours avant la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle du 5 novembre 2024, il a envoyé, par l’intermédiaire de ses avocats, un message au New York Times et au groupe éditorial Penguin Random House. La correspondance mentionne une action en justice contre quatre journalistes, dont Susanne Craig et Russ Buettner, coauteurs du livre Lucky Loser : Comment Donald Trump a dérobé la chance de son père et créé l’illusion de succès, publié le 17 septembre dernier par Penguin Press, une filiale de PRH. L’ouvrage explore la façon dont Trump a géré ses affaires, en détricotant le récit du self-made-man et de l’homme d’affaires talentueux raconté par le candidat à la présidentielle.