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En Argentine aussi, on entend censurer des livres

Les autorités argentines ont tenté de censurer le livre Mangeterre (trad. Isabelle Gugnon, L’Iconoclaste et J’ai Lu) de l’Argentine Dolores Reyes, selon une déclaration de l’organisation PEN International le 22 novembre 2024. Des jours avant, la compagne du président Javier Milei, Victoria Villarruel, a déclaré sur son compte X que le roman était « immoral et dégradant », en partageant des extraits, et en demandant à ce qu’il soit retiré des écoles et des bibliothèques.

L’affaire a commencé par un groupe de parents d’élèves de Mendoza, qui ont fait part de leurs inquiétudes après qu’un professeur ait inclus ce livre dans son programmation littéraire. L’affaire s’est amplifiée lorsque Victoria Villarruel, vice-présidente de la Nation argentine, et d’autres hauts fonctionnaires ont dénoncé le gouverneur de Buenos Aires, Axel Kicillof, pour avoir introduit ce qu’ils appellent « littérature pornographique » dans les écoles publiques, à travers le programme Identidades Bonaerenses. Celui-ci a été lancé il y a un an et réunit 100 titres de fiction et de non-fiction, distribués dans des milliers d’écoles et de bibliothèques. « Arrêtez de sexualiser nos enfants, expulsez les personnes qui promeuvent ces programmes néfastes des salles de classe, et respectez l’innocence des enfants ! », a notamment écrit sur X Victoria Villarruel, et de publier des extraits pour justifier ses affirmations.

Dans son édition originale, Cometierra, écrite par Dolores Reyes, est un roman qui traite du problème des féminicides en Argentine, à travers l’histoire d’une fille qui peut voir les derniers instants des morts en ingérant la terre qu’ils ont foulée. Selon France 24, le texte est présenté comme une œuvre littéraire « qui aborde la violence de genre, la terreur et l’absence » et qui « exige un soutien enseignant », selon le programme éducatif officiel. Dans le message de la vice-présidente argentine, l’autrice a constaté une tentative d’intimidation des enseignants par la terreur. Et de souligner : « L’école est un endroit privilégié pour former les lecteurs ; c’est peut-être pourquoi elle est régulièrement attaquée. ». Outre Cometierra, des membres de la coalition La Libertad Avanza ont attaqué d’autres livres du programme, tels que Les aventures de China Iron de Gabriela Cabezón Cámara, une réécriture féministe du poème Martin Fierro de José Hernández, finaliste du Prix Booker International, et Si no fuiste tan niña de (Si tu n’étais pas une telle fille) Sol Fantin. Elle, qui raconte l’agression subie par l’auteur de la part d’un leader religieux de la communauté, a également été accusée de contenir du contenu pornographique visant à « sexualiser les enfants ».

Ce programme a été fortement défendu par Alberto Sileoni, directeur de la Culture et de l’Éducation de la province de Buenos Aires et ancien ministre de l’Éducation sous l’administration de Cristina Kirchner. Devant les critiques de journalistes de droite comme Eduardo Feinmann, qui l’a qualifié de « dégénéré », il a répondu, repris par le Buenos Aires Tribune : « C’est de la littérature, pas de la pornographie », mettant en évidence que ces livres sont destinés à être utilisés en classe par les élèves de 16 à 19 ans et qu’ils doivent être utilisés sous la supervision attentive d’un enseignant.

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