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Entretien avec le réalisateur Jean Marie TENO

Au Cameroun, personne ne veut parler. Le film documentaire les emmène à parler »

 

Pourquoi avez vous choisi le documentaire?

Le documentaire parce que quand vous faites de la fiction, les gens pensent que ce n’est pas vrai. Quand c’est le documentaire, ils sont gênés, embarrassés. On est dans une situation où les gens ne savent pas décoder l’image. Il faut qu’on se pose la question de comment on imagine notre pays et ce n’est pas seulement au niveau du cinéma.

Quels films durant votre somptueuse carrière?

Afrique je te plumerai est le film qui a vraiment lancé ma carrière. J’étais banni pour certains mais aussi apprécié pour d’autres et, pour la première fois, l’histoire coloniale était racontée du point de vue d’un Africain et du coup, dans beaucoup d’universités, le film a commencé à être enseigné dans le cadre des études africaines.

Néanmoins j’ai plusieurs films à mon actif notament Bikutsi Water blues, Clando,  une feuille dans le vent, , le malentendu colonial, lieux saints, le futur dans le retro, le mariage d’Alex et bien d’autres.

Malgré la multitude de cinéastes, pourquoi le cinéma Camerounais tarde t’il à véritablement s’imposer dans le monde?

Les problèmes sont multiples mais je pense que les plus évidents sont le manque de financement, de formation; l’absence de salles de cinéma et bien d’autres.

Quel est l’objectif du film documentaire?

Le documentaire est une forme d’art qui a la capacité de changer la façon dont nous voyons le monde. C’est un acte de résistance contre la superficialité et l’ignorance. C’est une quête de la réalité et de la vérité.

Pourquoi les jeunes cinéastes ne s’y intéressent pas tellement et préfèrent la fiction?

C’est pas à moi de répondre à cette question . Je pense qu’il faut surtout la poser aux concernés, c’est à dire aux cinéastes. C’est à chacun de répondre à cette question.

Pourrait il contribuer à faire éclore le cinéma Camerounais dans le monde?

Bien sûre! Les Camerounais ont  besoin de se confronter aux situations et aux évènements qui les concernent. Ils sont dans une merde et ils ne s’en rendent même peut être pas compte. Il faudrait esposer des situations absurdes et les emmener à une sorte de prise de conscience.

Quel film documentaire Camerounais vous a le plus marqué?

Bikutsi water blues.

C’est un mélange de documentaire et de fiction pour aborder un problème toujours actuel au Cameroun : L’EAU MALSAINE ET LA SANTE.

Moise (13 ans) élève au lycée, habite un quartier populaire. Dans sa classe, son professeur invite régulièrement des professionnels pour parler de leur travail. Pour parler de l’eau, ils reçoivent un animateur radio, un technicien sanitaire et le guitariste ZANZIBAR du groupe ‘Les Têtes Brûlées’ dont l’ambition est de faire connaître le Bikutsi dans le monde entier. Une approche pédagogique ludique pour confronter les jeunes à une réalité qu’on refuse de regarder en espérant qu’ils amèneront leurs parents à prendre aussi conscience du problème.

Quel est votre apport pour la valorisation du documentaire ?

Tous mes films sont des films documentaires. Personne au Cameroun ne veut parler. Le film documentaire les emmène à parler. Si tu ne regardes pas ton environnenement, comment souhaites tu le changer?

Nous formons des jeunes lors des résidences en écriture et en réalisation de films documentaires depuis plusieurs années déjà à travers les ateliers Patrimoines-Héritages.

Plusieurs de nos ressortissants ont  même remporté des prix à des festivals nationaux et internationaux avec des films réalisés lors de la résidence . Il y’a comme exemple  Stella Tchuisseu avec son film 1961;  Cynthia Etaba avec son film les fantômes de Sa’a;  long châassis de Régine Gladys Lebouda .

 

 De plus, nous communiquons depuis plusieurs mois déjà sur le projet LA’A LOM.

Le LA’A LOM sera un centre de documentation, un espace de préservation et d’archivage pour les films de Jean Marie Teno et pour les films issus des ateliers Patrimoines-Heritage 2017, 2018, 2021 et des éditions à venir.

A propos , les résultats pour l’atelier Patrimoines et Héritages 2023 sont déjà disponibles.

Qu’est ce qu’un bon film documentaire?

Un bon film documentaire est celui qui vous captive, qui vous émeut, qui vous questionne, qui ne vous laisse pas indifférent et qui vous emmène à vous poser des questions sur ce qui se passe autour de vous.

Un message aux jeunes passionnés

Formez vous et cessez d’avoir peur.

Propos recceuillis par Elsa BANG

 

Written by Elsa Bang

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