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Esclavage : La résistance face à l’oppression

Dans « Résistances anti-esclavagistes dans les Amériques des plantations : les Africains déportés à l’épreuve de leur désafricanisation » de Lawoetey-Pierre Ajavon, une narration des combats menés par les esclaves dans leur quête d’affranchissement.

Saint-Domingue, Suriname, Brésil et Cuba. Territoires du Nouveau Monde où les chaines de l’esclavage se sont brisées sous la pression d’une prise de conscience dans les plantations de canne à sucre et d’une africanisation des moyens de lutte contre les esclavagistes de l’Amérique cotonnière. Des épisodes à travers lesquels la confrontation entre les amulettes des asservis et la cravache du contremaitre a viré à la libération des captifs. Au pied des tiges de caféiers où étaient ourdies ces insurrections, des Spartacus dont la ténacité est relatée par l’anthropologue  Lawoetey-Pierre Ajavon dans Résistances anti-esclavagistes dans les Amériques des plantations : les Africains déportés à l’épreuve de leur désafricanisation. 271 pages où sont compilées les grandes batailles auxquelles prit part le vaudou, culte dahoméen ayant immigré aux quatre coins du monde et antre où se forgeait l’intrépidité des insurgés. La cérémonie du Bois-Caïman, rituel où l’Afrique des guinarous et  des spectres se donne à découvrir, sera l’incubateur d’où sortira une conscience anti-esclavagiste qui utilisera le supplice de l’aiguille et de la figurine pour acculer le bourreau à l’abdication. Une technique de combat à l’efficacité avérée, suscitant une forte émulation au-delà de Saint-Domingue. «La cérémonie du Bois-Caïman, par sa dimension mythico-religieuse rappelle la révolte des Kikuyu plus connue sous le nom de ‘’ révolte des Mau-Mau51’’ au Kenya dans les années 50. Majoritairement composée de paysans kikuyu, l’une des principales ethnies du pays, cette insurrection anticolonialiste s’était assignée pour tâche de libérer ce pays d’Afrique orientale du joug de la colonisation britannique », écrit Lawoetey-Pierre Ajavon grâce à qui le lecteur découvre l’implication du vaudou dans toutes les péripéties ayant abouti à l’indépendance en 1802 d’Haïti, la première république noire indépendante.

Cliché identique au Suriname où la contre-offensive des Obia-Wenti porte l’estocade de la libération sur les certitudes esclavagistes d’alors. Ces spécialistes de la divination, esclaves révoltés et praticiens d’un vaudou punisseur en contexte bushinengue, invoquent des esprits protecteurs au secours perpétuel. « Les premiers Wenti invoqués furent ceux des eaux (Wata Wenti), comme Busunti, femme de l’Obia Kumanti et ayant la forme d’une indienne. Ces esprits ont été d’une grande utilité pour nos ancêtres pour traverser les criques et les rivières, les avertissant des dangers et des directions à prendre pour éviter d’être pris par l’ennemi. D’autres esprits comme Ampoukou (dont le langage ésotérique était décrypté par les initiés), Kanti Ashi ou Kanka-Masu (domicilié dans les termitières), Papa (esprit des oiseaux) les protégeaient également contre les dangers. Mais ce sont surtout les Obia : Man-Nengué (divinité protectrice contre les armes à feu) », révèle Bruno Apouyou, capitaine bushinengue avec qui l’auteur a eu un échange.

Affrontement armé

Aux sortilèges, phrases incantatoires et autres totems cracheurs de confusion, se sont associées les carabines et les baïonnettes. Un retour au corps-à-corps, à l’affrontement armé et à la pestilence des dépouilles qui jonchent un terrain de bataille. Le cas du quilombo de dos Palmares, « bastion inexpugnable de la résistance des esclaves au Brésil », d’après Lawoetey-Pierre Ajavon. Les quilombos, vastes réseaux de hameaux regroupant des dizaines de localités, sont des refuges pour fugitifs et hors-la-loi. C’est celui de dos Palmeras où des velléités autonomistes commencèrent à circuler au sein d’une communauté enfiévrée par des envies de liberté et de citoyenneté. L’on y revendiquait notamment «la constitution de ‘’colonies fugitives’’ pour les Africains libres (les Mocambos), la prise du pouvoir politique et la lutte armée pour la conquête de la liberté », précise l’auteur. Zumbi, chef de cette rébellion, est un tacticien de la terre brulée qui ficelle toutes les opérations de sabotage qui sévissent dans les plantations. Malgré sa destruction en 1695 par une expédition armée portugaise, le quilombos de dos Palmares, «un morceau d’Afrique transplanté au Nord-Est du Brésil » selon l’historien Edison Carneiro, a opposé une résistance farouche à la puissance de feu portugaise, la contraignant par moments à reculer.

             

 

 

 

 

 

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