Donald Trump a confirmé mardi qu’il nommerait Elon Musk à la tête d’un ministère en charge de « l’efficacité gouvernementale », avec le milliardaire Vivek Ramaswamy. Leur mission : réduire les dépenses et la bureaucratie. «Ensemble, ces deux Américains formidables traceront le chemin pour mon administration afin de démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles, et restructurer les agences fédérales», a déclaré le président élu dans un communiqué, assurant que ces deux alliés de sa campagne allaient «envoyer des ondes de choc dans le système».
Le zèle d’Elon Musk, entrepreneur richissime et mégalomane qui a soutenu avec acharnement Donald Trump, est ainsi récompensé. Donald Trump a donné à Musk et Ramaswamy jusqu’au 4 juillet 2026 pour que la première puissance mondiale se dote d’un «plus petit gouvernement» qui serait «un cadeau parfait à l’Amérique pour le 250e anniversaire de la Déclaration d’Indépendance» du 4 juillet 1776.
Le patron de Tesla et SpaceX prévoit de couper 2 000 milliards de dollars dans le budget fédéral en licenciant des fonctionnaires, comme il l’avait fait avec Twitter, et en supprimant plus d’une agence fédérale sur quatre, dont peut-être le ministère de l’Éducation. Un rôle qui risque de poser des questions de conflit d’intérêt, car certaines de ces agences régulent ses propres entreprises ou mènent des enquêtes sur elles.
Un « classement des dépenses les plus terriblement stupides » sera publié, ce qui « sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant », a annoncé Elon Musk sur X après l’annonce de sa future nomination.
Reste à savoir comment deux personnalités notoirement égocentriques, telles qu’Elon Musk et Donald Trump, vont s’entendre à long terme. Elon Musk, 53 ans, s’est jeté à corps perdu dans la campagne de Donald Trump dans les dernières semaines.
Elon Musk a investi plus de 100 millions de dollars dans la campagne du président élu, et a utilisé son réseau social, sur lequel il publie sans discontinuer, comme une caisse de résonance. Le voilà donc ministre, en plus d’être à la tête de Tesla, premier constructeur de véhicules électriques au monde, et de SpaceX, sa société spatiale. Il mène divers autres projets qui illustrent sa vision techno futuriste d’une humanité augmentée grâce à la science, appelée à prospérer sur d’autres planètes. Parmi ces projets : Neuralink, une start-up qui ambitionne de relier directement le cerveau humain à l’ordinateur.
Mégalomane, bourreau de travail, l’entrepreneur en série a toujours cultivé une image de patron rebelle, amateur de provocations, antipolitiquement correct, millionnaire avant 30 ans.
Théorie du complot et misogynie
Sa ligne libertarienne, ouvertement masculiniste, et ses critiques virulentes de l’immigration l’ont rendu de plus en plus populaire dans la droite américaine. Jusqu’à séduire, donc, Donald Trump, qui l’a qualifié de « super génie » dans son discours de victoire. Elon Musk a aussi le goût des théories du complot : il a affirmé, par exemple, cette année que le Parti démocrate « importait délibérément des migrants en situation irrégulière » pour accroître son assise électorale.
En juillet, il avait annoncé avec fracas qu’il allait déplacer au Texas le siège de SpaceX et de X, en signe de protestation au passage d’une loi sur les élèves transgenres en Californie, un État que les républicains critiquent sans cesse pour ses politiques progressistes. Il y avait déjà déménagé en 2021 le siège de Tesla. Sur X, Elon Musk a livré ses conseils pour mettre fin à la guerre en Ukraine, suscité la polémique en proposant de « faire un enfant » à la superstar Taylor Swift après que cette dernière a pris position contre Donald Trump, ou encore qualifié d’« intéressante » une théorie selon laquelle seuls les « mâles dominants » devraient prendre des décisions politiques.
En mai 2021, Elon Musk a révélé être atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Plus récemment, il a dit prendre de la kétamine, un puissant anesthésiant parfois détourné à des fins stimulantes ou euphorisantes, pour traiter une tendance à la dépression. Divorcé trois fois, Elon Musk est père de dix enfants, dont un décédé à 10 semaines. L’une d’entre eux, une fille transgenre, a déposé une demande officielle pour changer de nom de famille en même temps que de genre afin de couper tout lien avec son père.