Adulé à son arrivé à la tête du football camerounais le 11 novembre 2021, l’amour que le public voue à l’ancien capitaine des lions indomptable va progressivement s’amenuiser. Les raisons de cette désaffections sont aussi diverses que variées.
Une bonne partie de l’opinion, lui reproche quelques errances dans son management. Une autre partie, semble lui reprocher ses rapports avec le milieu de la politique. Dans cette deuxième frange, certains l’accuse d’avoir soutenu le président Paul Biya à la présidentielle de 2018, d’autres le soupçonnent de chérir l’ambition de se présenter à l’élection présidentielle à venir.
Il convient de rappeler au demeurant, que les soutiens du champion d’Afrique 2000 et 2002 avec les lions indomptables sont de moins en moins nombreux, y compris au sommet de l’État.
L’heure de la normalisation ?
Dans son traditionnel discours à ses jeunes compatriotes, le président de la république du Cameroun Paul Biya disait le 10 février 2024 : « Comme moi, vous avez été certainement déçus par l’élimination précoce de nos Lions Indomptables lors de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se déroule actuellement en Côte d’Ivoire. (…) La victoire n’est toutefois pas le fait du hasard. Elle exige certes du talent, mais aussi du courage, de la discipline, de l’organisation et un travail acharné. (…) L’État, dans le contexte difficile qui est le nôtre, consent de lourds sacrifices financiers à cet égard. Il est donc en droit d’exiger une meilleure organisation et de meilleurs résultats. Nous allons y veiller. Le Gouvernement et tout particulièrement le Ministère en charge des sports ont reçu des instructions claires sur le sujet. »
De la parole aux actes, le contrat du manager sélectionneur des Lions indomptables Rigobert Song ne sera pas renouvelé. Le 27 février, un communiqué de la FECAFOOT, précède celui du ministère des sports. Les deux documents annoncent le non renouvellement du mandat du staff technique des lions. Et pourtant, au lendemain de l’élimination de l’équipe nationale en huitième de finales de la CAN quelques jours plutôt, Samuel Eto’o affirmait qu’il maintiendrait sa confiance à l’encadrement technique.
Au-delà de l’équipe fanion, les autres catégories ne font pas non plus de bons résultats. Les équipes féminines elles également ne sont pas une exception à la règle. Il convient de noter également, que les championnats de football d’élite du Cameroun, sont fortement perturbés ces derniers temps, avec notamment le fameux scandale des âges truqués des joueurs, largement relayé et commenté aux quatre coins du monde.
Le mardi 19 mars 2024, André Onana, gardien de but des lions indomptables avec qui le président de la fédération est en désaccord permanent a été reçu à la présidence de la république. Si ni l’objet, ni le contenu de cette concertation n’ont filtré, il reste cependant plausible que, les autorités camerounaises on certainement souhaité avoir la version du joueur de Manchester au sujet des différends qui secouent régulièrement la tanière des lions.
Le mercredi 20 mars 2024, une commission de la CAF a été reçue par le Ministre des sports et de l’éducation physique. Cette visite qui est loin d’être anodine laisse penser à une mise en place imminente, d’un comité de normalisation à la fédération camerounaise de football.
Le mandat de Samuel Eto’o à la tête de l’instance faîtière du football camerounais, va-t-il bientôt être abrogé ? Dans les salons feutrés de Yaoundé, on affirme même que c’est désormais une question d’heure et que le président du comité de normalisation de la Fécafoot a d’ores et déjà été désigné.
La Présidence de la République en ligne de mire ?
Samuel Eto’o est incontestablement l’un des camerounais les plus populaire. Cette popularité, est un atout important pour prétendre briguer la magistrature suprême. Au pays, de nombreux compatriotes lui prédisent d’ailleurs ce destin présidentiel.
Interroger sur la question, le footballeur botte en touche. Invité de Marc Perlman sur France 24, « le fils de New-Bell » déclare justement à ce sujet : « La majorité des problèmes que je rencontre, c’est parce qu’on me prête l’intention de devenir Chef d’État au Cameroun. Aujourd’hui, j’ai tellement de choses à faire que ce n’est pas quelque chose qui traverse mon esprit ».
Marc Perelman est diplômé de Sciences Po Paris et de la Columbia University, il a été journaliste à New York pendant dix ans, avant de rejoindre France 24 en 2009. Il est spécialiste de politique française, du Moyen-Orient et de l’Afrique. Ce n’est pas un journaliste banal de France Média Monde. Il est connu comme celui qui interviewe les chefs d’État et les ministres d’État africains.
Choisir de le faire venir tourner un enregistrement dans sa résidence de Paris comme Samuel l’a fait pour annoncer la rupture du contrat entre la fédération et son entraîneur était-elle une banale affaire ? N’était-ce pas un signal que l’ancien footballeur voulait indiquer aux autorités de Yaoundé ? En tout État de cause, le sort du locataire de Tsinga semble scellé, et vraisemblablement, « les instructions fermes » du chef de l’État au ministre des sports et de l’éducation physique, ont été de mettre fin au mandat de Samuel Eto’o à la présidence de la fédération camerounaise de football.