La position assise est abondamment chargée de symboles en Afrique. S’asseoir révèle des rapports de pouvoir et de domination de même qu’un système culturel fondé sur une stratification très hiérarchisée de la société. S’asseoir est un privilège.
Dans la tradition ashantis par exemple, le fauteuil est un objet de très grande importance. Il est généralement réalisé sur des critères très stricts, et décoré pour personnifier son propriétaire. La légende rapporte que, c’est au XVIIIème siècle que le premier roi ashanti, Oseï Tutu, a reçu du ciel le Tabouret d’Or. Elevé au rang de symbole de la monarchie ashanti, il incarne, jusqu’à nos jours, l’âme collective de ce peuple. Personne ne peut s’y asseoir, pas même le roi. Lors des très rares présentations publiques du Tabouret d’Or, le souverain doit, en effet, s’asseoir en arrière de lui, sur son propre siège. C’est dire toute la valeur symbolique dont est chargé le fauteuil dans les traditions africaines.
Le piège du dauphin déclaré…
Le Cameroun est dirigé depuis un peu plus de quarante années par un homme, Paul Biya son président est âgé de 90 ans. La longévité du chef de l’Etat et son grand âge laissent prospérer de nombreux commentaires sur ses successeurs éventuels. De nombreux noms sont régulièrement cités et parmi eux, celui de Samuel Eto’o que moult commentateurs avaient tôt fait de dire que son passage à la Fecafoot n’était qu’une étape pour briguer la magistrature suprême dans son pays.
Né le 10 mars 1981 à Yaoundé, l’ancien buteur des Lions indomptables, jouit d’une popularité incontestable. Proche du couple présidentiel, Samuel Eto’o, ancien capitaine de l’équipe du Cameroun avait officiellement soutenu la candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle du 09 octobre 2018. Il bénéficie aussi du soutien de l’actuel Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh et d’une bonne réputation auprès des champions d’industries camerounais. La jouvence de l’ancien footballeur est aussi un atout qui pourrait lui ouvrir les portes du palais présidentiel.
Samuel Eto’o a aussi de nombreux soutiens dans la diaspora camerounaise, et est régulièrement invité par les chefs d’États de pays amis du Cameroun. Ce qui représente un atout non-négligeable si d’aventure; comme George Weah, ancien footballeur lui-aussi devenu président au Liberia, le patron du football camerounais nourrissait en secret le vœu de se porter candidat à l’élection présidentiel de 2025 au Cameroun.
Vainqueur à deux reprises de la Coupe d’Afrique des nations, Samuel Eto’o a aussi de nombreux adversaires sur sa route. Une partie du peuple camerounais, lui reproche son silence sur les sujets sociopolitiques qui ont cours dans le pays, notamment la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un silence qui pourrait lui causer l’acrimonie de ses compatriotes anglophones. Les commentaires qui fuitent des salons feutrés de Yaoundé font savoir que de nombreuses pontes du régime de Paul Biya ne portent pas le footballeur en estime. Les mêmes commentaires laissent croire qu’il y’aurait une grosse inimitié entre Samuel Eto’o et Franck Biya, fils du chef de l’Etat, lui aussi pressentie pour prendre la succession de son père en 2025. Samuel Eto’o serait donc pour beaucoup l’un des principaux opposants du fils de Paul Biya, avec qui ils sont pourtant sensés évoluer dans la même équipe.
Docteur honoris causa, de l’Ecole de commerce de Lyon en 2021, le fils de New-Bell à Douala n’est cependant pas un intellectuel de très haut vol. Les Camerounais, qui se passionnent d’intellectuels peuvent-ils malgré son niveau d’instruction moyen lui confier les rênes du pays ?
En refusant de s’assoir sur le siège qui lui a été offert ce mardi 20 juin 2023 au siège de la Fécafoot, Samuel Eto’o a-t-il driblé comme il savait si bien le faire dans les stades de football, des donateurs qui lui ont apporté un cadeau empoisonné
Autant de questions qui pour l’heure demeurent encore sans réponses.