« C’est le film le plus intime que j’ai jamais écrit ». Des paroles prononcées au pupitre de la cérémonie de clôture de l’édition 2023 du Festival de Cannes par Justine Triet, lauréate de la Palme d’or avec « Anatomie d’une chute », film dont elle est la réalisatrice. Un exploit pour cette Française à travers qui s’est ajoutée une autre victoire du cinéma au féminin en terre cannoise. A 45 ans, Justine Triet est la troisième femme à rafler la Palme d’or, le saint graal de ce rendez-vous majeur qui fait courir toute l’industrie mondiale du cinéma depuis 1939, année de sa création.
« Anatomie d’une chute », long-métrage dans lequel la mort d’un mari ouvre la voie à un chamboulement qui inversera le décor d’une famille en lutte pour la préservation de ses certitudes, est une fresque à travers laquelle les lampions de l’estime de soi s’éteignent lorsque s’allument celles d’un monde porté par la perfidie de ses occupants. « Dès le début, j’ai été obsédée par l’idée d’un homme qui tombait », explique Justine Triet, scénariste et réalisatrice d’un film où la chute d’un homme précède la floraison des malheurs chez les siens.
Née en 1978 à Fécamp, la réalisatrice de Victoria et Sybil nous a encore une fois surpris avec sa manière originale de s’imposer comme une féministe engagée qui adore peupler ses films de femmes électriques, explosives, puissantes. Pour Triet, il était évident de faire venir son actrice principale sur scène. Car l’Allemande Sandra Hüller incarne majestueusement son rôle troublant et écrit sur mesure pour elle. Elle, la veuve, sera l’accusée, obligée à défendre non seulement ses actes, mais aussi sa façon très libre de penser et de vivre. « Sandra Hüller m’a fait fantasmer ce film. Merci de m’avoir permis d’habiter ton cerveau, ton corps. »