Didier Denguel
Initié par l’association Bnc School, l’une des principales attractions du Forum des Danses Urbaines sera le projet Philosoph’Art qui se déclinera durant cette année à travers des Talk (échange avec les apprenants et enseignants) dans deux établissements scolaires et la présentation du projet au Goethe Institute. En tant que toute philosophie se coiffe d’une éthique, l’objectif principal du projet et de promouvoir l’éducation civique au Cameroun au travers de la scénarisation d’œuvres et de thématiques philosophiques d’enjeux sociétaux majeurs. Il s’agira de manière spécifique, de développer une pédagogie artistique de compréhension de la philosophie pour les élèves du second cycle du Cameroun, par la mise en scène de De la médiocrité à l’excellence d’Ébénézer Njoh Mouellé, œuvre de philosophie inscrite au programme des classes de Terminales littéraires au Cameroun depuis 1989. Et donc, mettre à disposition un nouvel outil pédagogique de la philosophie pour les apprenants, d’abord, et pour le large public ensuite.
Il s’agit en fin de compte de susciter auprès de la cible (élèves des lycées et collèges) l’esprit de créativité à travers la promotion de la figure de l’« homme excellent », constamment animé par un désir d’innovation. Présentation sommaire de cette activité par le chef de projet, le Dr Romuald Dezo Mouafo
Philosoph’Art : joindre la philosophie à l’art
» La réponse à la demande invasive d’éthique ne saurait s’exprimer à la seule intelligence. Il restera de l’adresser à l’imaginaire, aux affects et aux institutions. Ceci interpelle en premier lieu la didactique de la philosophie, creuset prioritaire de l’éthique, à la capacité de se scénariser. De longue date, et notamment depuis Platon, les philosophes ont utilisé les moyens littéraires pour dramatiser l’objet de leur réflexion à l’effet d’en montrer les enjeux à des publics toujours plus larges. Le projet Philosoph’Art, qui fait se rejoindre philosophie et art, mais tout autrement que le fait la philosophie de l’art par exemple, vise à utiliser les moyens artistiques, et en l’occurrence le théâtre et les danses (hip-hop, contemporaines, de création, patrimoniales etc.), pour scénariser les réflexions d’envergures des personnalités emblématiques de la philosophie, mais avant tout de la philosophie camerounaise. En clair, Philosoph’Art se propose, par le biais des danses du théâtre, de « déclarer » et de vulgariser, sans toutefois les rendre vulgaires, les œuvres et les thématiques philosophiques d’intérêts sociétaux majeurs.
Dans cette perspective, le projet Philosoph’Art envisage, dans sa première phase dont le lancement officiel est projeté le 29 avril prochain à l’Institut Goethe, de scénariser l’œuvre-phare du philosophe camerounais Ébénézer Njoh Mouellé, De la médiocrité à l’excellence. Essai sur la signification humaine du développement, inscrite au programme des classes de Terminales littéraires depuis 1989, mais encore très peu ou mal connue. Une telle mise en scène de cette œuvre-phare, au-dessus de son apport proprement pédagogique, en tant qu’elle en facilitera la compréhension et l’acquisition et par les élèves et par le grand public, se veut une réponse forte au-devant de la montée sans précédent de l’anomie en milieu scolaire, mais pas exclusivement.
De la sorte, Philosoph’Art se veut donc un projet culturel d’une nouveauté inouïe tant dans son approche que dans ses objectifs ultimes : une nouveauté dans son approche, en tant qu’il impulse une pédagogie de la philosophie d’un genre propre, qui enseigne la philosophie en la montrant par les danse et le théâtre, reliant ainsi l’effort théorique à l’activité ludique ; une nouveauté dans ses objectifs qui se veulent finalement éducatif et éthique : éducatif, parce qu’il facilite, pour les apprenants (élèves) d’abord, la compréhension et l’acquisition des œuvres et des thématiques de philosophie par le biais des danses et du théâtres ; ici, la compréhension et l’acquisition de De la médiocrité à l’excellence d’Ébénézer Njoh Mouellé, œuvre de philosophie inscrite au programme des classes de Terminales littéraires depuis 1989 ; éthique, car le contexte actuel étant marqué par une montée sans précédent de l’anomie, le projet Philosoph’Art entend valoriser les bénéfices d’une inscription de ces notions de bien et de mal dans les « espaces communs », c’est-à-dire, in fine, promouvoir à travers les danses et le théâtre, l’intérêt pour les élèves non pas simplement de « faire comme les autres », mais de « faire mieux que les autres ». »
Par Dr Romuald Dezo Mouafo.
