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Gabriel García Márquez dévance Cervantès

L’Institut Cervantès va-t-il changer son nom pour l’Institut García Márquez ? L’organisme a dévoilé sa première carte mondiale des traductions de textes littéraires traduits de l’espagnole vers d’autres langues, de 1950 à nos jours. Et surprise : l’auteur colombien de Cent ans de solitude (trad. Claude et Carmen Durand), a dépassé le grand écrivain de l’Espagne, Miguel de Cervantes, au XXIe siècle.

Cette large étude a été réalisée par le Laboratoire d’innovation des humanités numériques de l’Université nationale d’enseignement à distance (UNED), avec la collaboration de la Direction générale de la promotion du livre et de la lecture espagnol, émanation du ministère de la Culture ibérique.

La carte se concentre sur 10 langues : anglais, français, allemand, italien, portugais, suédois, russe ; et hors Europe, arabe, japonais et chinois. Ses responsables soulignent que davantage de langues seront intégrées à brève échéance.

Les auteurs du continent sud-américain dominent la Vieille Europe à l’échelle mondiale. Si sur les 70 dernières années, c’est Miguel de Cervantes qui reste le premier avec 1386 traductions, le deuxième espagnol dans le classement. Federico García Lorca, arrive seulement à la 6e place.

De la 2e à la 5e position, on trouve le Colombien Gabriel García Márquez avec 1270 traductions, et la Chilienne né au Pérou, Isabel Allende, à la troisième place (861). Suivent en quatrième l’Argentin Jorge Luis Borges Borges avec 768 et le nouvellement Académicien français, le Péruvien Mario Vargas Llosa avec 765 traductions.

Une belle victoire pour les auteurs latino-américains de la génération, « el boom », qui ont émergé dans les années 60 et 70. Le Mexicain Carlos Fuentes complète le top 10 avec les Espagnols Carlos Ruiz Zafón et Arturo Pérez-Reverte. Plus loin, les deux Chiliens, Luis Sepúlveda et Roberto Bolaño, ou encore le Madrilène disparu en septembre 2022, Javier Marías.

Circonscrit entre 2000 à 2021, c’est bien le Prix Nobel de littérature 1982, Gabriel García Márquez, qui supplante le classique des lettres espagnoles. Son œuvre la plus célèbre, Cent ans de solitude, paru en 1967, inaugura le genre du réalisme magique.

Par genre, pays, traducteur…

En France, sur ces 20 dernières années, c’est le Chilien Alejandro Jodorowsky qui arrive en tête des traductions de l’espagnol vers le français. En Italie, c’est l’espagnol Vázquez Montalbán et son détective Pepe Carvalho.

Si l’on se concentre uniquement sur les autrices de langue espagnole depuis 1950, après la Chilienne Isabel Allende, on trouve l’écrivaine pour enfants de Barcelone, María Isabel Sánchez Vergara ; devant la sainte du XVIe siècle, Thérèse d’Avila, la Mexicaine Laura Esquivel et la Cubaine Alma Flor Ada. Almudena Grandes, décédée en novembre 2021, est 7e avec 102 traductions.

Côté langue de prédilection pour traduire des ouvrages en espagnol, entre 2000 et 2021, l’anglais domine nettement avec un chiffre de 45.547, soit plus du double du deuxième, le français, avec 21.375 traductions. Suivent l’allemand (11.837), l’italien (8970) et le chinois (8232).

Par œuvre, Don Quichotte (trad. Aline Schulman) surclasse largement les autres avec 1140 traductions depuis 1950. Il est suivi par Cent ans de solitude (265) et l’Amour au temps du choléra (trad. Annie Morvan ; 158), tous deux signés Gabriel Garcia Marquez.

Dans un top des livres les plus traduits de tous les temps, mené par la plateforme d’apprentissage en ligne Preply, et partagé en 2021, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes avait raflé la 6e place derrière Le Petit Prince, en tête du classement. Une étude menée sur 195 pays.

Un projet sur le long terme

Dans le top des traducteurs avec les œuvres les plus traduites de l’espagnol, on trouve à la 6e position le Français Jean-Marie Saint-Lu avec 18 traductions, et en 12e place, Nelly Lhermiller avec un chiffre de 14. Par ville enfin, Paris est deuxième avec 11,4 % des traductions, derrière New York qui porte 15 % des projets de traductions de textes de littérature espagnole. Suivent Rio de Janeiro avec 9,03 % et Londres avec 6,7 %.

Le rapport révèle que la décennie de 1990 à 2000 a été celle au cours de laquelle le plus grand nombre de livres hispanophones ont été traduits depuis 1950. L’année 1968 a été une importante année, avec « le boom de Cent ans de solitude », explique la directrice de la Culture à l’Institut Cervantes, Raquel Caleya auprès d’El Pais. Un autre moment de bascule a été 2023 révèle l’étude avec une augmentation de 20 % des traductions concomitante à l’essor de l’édition numérique.

Ces données s’inscrivent dans un projet plus large de site internet qui présentera les œuvres les plus traduites de l’espagnol, les langues les plus traduites par année, les auteurs les plus traduits de l’espagnol, une carte des villes qui publient le plus de titres.

Il connectera les utilisateurs avec « les près de 300.000 notices bibliographiques de la grande base de données du consortium OCLC WorldCat, qui en contient plus de 500 millions dans 483 langues », décrit la directrice générale du Livre et de la Promotion de la Lecture, María José Gálvez. Elle sera constamment enrichie « d’informations nouvelles et corrigées ».

 

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