Le 15 novembre dernier, lors d’un entretien qu’il a accordé à la chaine One TV, Saâda Arbane a critiqué Kamel Daoud pour avoir « dépossédé une victime du terrorisme de son histoire, de sa vie, contre son gré », malgré les refus catégoriques de ses parents de leur vivant. Après avoir passé plus de vingt-cinq ans à oublier son traumatisme, elle considère que Kamel Daoud aurait « réanimé les blessures » d’une histoire dont elle croyait être « la seule à connaître la manière de s’en sortir ». Elle souligne également que l’épouse de Kamel Daoud, psychiatre, est responsable de l’utilisation éventuelle de son récit. Effectivement, Saâda Arbane a bénéficié de l’accompagnement de la psychiatre, partageant lors de séances des informations sur son intimité psychique. Elle déclare avoir été suivie de 2015 à la sortie de la famille Daoud en France, dans plusieurs cliniques oranaises, d’abord pour une thérapie de groupe avec sa mère, puis seule.
L’épouse de Kamel Daoud aurait même mentionné l’intérêt de l’auteur pour l’histoire de Saâda Arbane, et celle-ci aurait montré son refus de voir son récit transformé en livre. Arbane relate dans son témoignage : « [S]a femme m’a informé qu’il est en train de rédiger un livre, je lui ai dit : » Attention, je ne veux pas que cela me touche ». Elle m’a répondu : » Non, cela ne concerne pas du tout toi ». Après plusieurs consultations, j’ai répété à sa femme : » Attention, je ne veux pas qu’il fasse ça ».»
Saâda Arbane soutient ses accusations en mentionnant plusieurs similitudes avec Aube, le personnage principal de Houris : « Ma blessure. Ma canule. Les désaccords avec ma maman. Je devais subir une opération en France, je reçois une pension en tant que victime [du terrorisme islamiste]. J’avais l’intention d’avorter. L’importance de mes tatouages [sur la nuque et le pied]. J’avais un salon de coiffure et d’esthétique, et cela est mentionné dans le livre. Le lycée Lotfi. Le rapprochement littéraire de ma passion pour l’équitation. »
Le 18 novembre passé, les éditions Gallimard, qui publient Houris, déclarent avoir été victimes de « campagnes diffamatoires violentes » contre l’auteur. Selon Antoine Gallimard, PDG de la maison, si Houris s’inspire de faits tragiques survenus en Algérie pendant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont entièrement fictifs.