À travers le personnage d’Aube, une jeune coiffeuse algérienne, Kamel Daoud donne corps et voix aux victimes d’une guerre civile encore peu connue. Aube, est marquée par une tragédie : le massacre de sa famille, dont elle est la seule survivante, la nuit du 31 décembre 1999 dans son village de Had Chekala, proche d’Alger. De cette nuit funeste, elle garde une cicatrice profonde sur le visage et un mutisme imposé par la violence du passé. Sa sœur, assassinée sous ses yeux, incarne pour elle une douleur à jamais gravée.
Cet événement est effacé de l’histoire officielle par l’article 46 de la Charte sur la Paix et la Réconciliation Nationale, qui interdit toute évocation de cette guerre au risque de sanctions. Mais alors qu’elle découvre sa grossesse, Aube se heurte à des questions déchirantes : peut-elle offrir la vie après avoir frôlé la mort ? Pour chercher des réponses, elle retourne à son village natal, là où tout a commencé, espérant que les âmes disparues lui donneront la force de trouver sa propre voix.
Au-delà de son intensité narrative, Houris aborde des sujets politiques, comme la censure autour de la guerre civile, ou la place des femmes dans l’islam et les sociétés musulmanes. En revisitant le mythe des houris, ces vierges promises aux croyants dans l’au-delà, Kamel Daoud questionne également les tabous autour de la sexualité, de la virginité et des normes religieuses. Ce roman, par son engagement, met en lumière des sujets encore sensibles, où la figure féminine oscille entre fantasme et réalité dans le monde arabe contemporain.
Des sujets importants et encore délicats, qui ont conduit les éditions Gallimard à se voir refuser l’accès de certains salons. Le 9 octobre, le nous annoncions que la maison Gallimard était exclue, sans explication, du Salon du Livre d’Alger. Antoine Gallimard s’en était lui-même étonné : « Nous apprenons tout juste que nous sommes interdits de présence au salon d’Alger ».