« Cet album s’inscrit dans un style de représentation caricatural hérité d’une autre époque. Plus que jamais conscients de notre devoir moral et de l’importance que représente la bande dessinée en tant qu’éditeur et plus largement le livre dans l’évolution des sociétés, nous prenons en ce jour la pleine responsabilité de cette erreur d’appréciation », reconnaissait rapidement la maison Dupuis, alors que la polémique battait son plein. Et de décider de retirer l’ouvrage de la vente, après que près de 16.000 exemplaires ont été écoulés depuis la parution début septembre 2023. Certainement sans trop de regrets : il s’en était vendu près de 1800 volumes sur l’ensemble de l’année 2024… avant que cette discorde n’éclate. Car bonne ou mauvaise, qu’importe, toute promotion est à prendre : durant la semaine où l’album est passé au gril, ce sont 2345 tomes qui trouvent preneur (données : Edistat). Soit plus de deux fois les ventes jusqu’à lors réalisées. Un chant du cygne d’autant plus appréciable qu’inattendu.
D’ailleurs, certains margoulins ont flairé le bon plan : des exemplaires sont proposés sur le marché d’occasion, à des tarifs allant de 200 à 1000 € pour une version dédicacée par Dany. Et nombre de ces annonces surfent sur l’interdiction du titre en question pour justifier ces prix — qui plus est sur un modèle d’enchères : sait-on jamais, y’a pas de petits profits… En parcourant le web sans acharnement, nous avons recensé plus d’une quizaine de propositions, dépassant allégrement le prix fixé par l’éditeur pour ce titre. Notons également qu’en parallèle de ce marché noir qui a soudainement explosé, l’offre pirate a suivi la même progression : la nature ayant horreur du vide, des versions PDF plus ou moins bien scannées ont fleuri au fil des jours, attendu que, papier ou numérique, la BD n’a plus droit de séjour dans les points de vente.