Récemment, Narges Mohammadi a fait l’objet d’une intervention chirurgicale complexe afin de retirer une lésion osseuse dans sa jambe, soupçonnée d’être cancéreuse, tout en étant confrontée à plusieurs autres problèmes de santé aggravés par sa longue incarcération. Narges Mohammadi, Prix Nobel de la paix iranienne, était détenue dans la prison d’Evin à Téhéran et a été libérée – sous caution – pendant une période de trois semaines. En raison de sa maladie grave, elle a été officiellement libérée pour des raisons de santé, mais ses proches y voient également des motifs plus politiques.
Dans le contexte mondial actuel, le régime semble chercher à donner l’impression, entre autres, d’un gouvernement plus soucieux des conditions de détention. Selon le Comité directeur de la Coalition pour la Libération de Narges, la libération a eu lieu « quelques jours après le 18e anniversaire de ses enfants jumeaux, et moins d’une semaine avant l’anniversaire de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix, qui s’était déroulée l’année dernière en son absence ». Et de déclarer : « Nous sommes extrêmement soulagés par sa libération et voyons cette pause temporaire comme un premier pas important et nécessaire dans sa guérison. »
Néanmoins, le médecin de l’Iranienne suggère un congé médical de trois mois pour qu’elle puisse bénéficier des soins adéquats pour ses problèmes de santé qui perdurent. Le comité demande donc aux autorités judiciaires de suivre les recommandations des spécialistes médicaux iraniens et de permettre à Narges Mohammadi d’avoir accès aux traitements médicaux requis et à un temps de récupération adéquat. « Nous persistons à demander sa libération totale et sans conditions, en mettant en évidence que le journalisme et la défense des droits humains ne doivent jamais être perçus comme des crimes passibles de prison », rappelle – t -il également. « On n’est pas dupe du fait que ces libérations-là arrivent de façon tout à fait opportune pour donner des gages à la communauté internationale pour normaliser les relations de Téhéran à l’heure où, au Moyen-Orient, c’est le chaos et que le régime iranien n’est pas pour rien dans cette déstabilisation de l’ordre mondial », décrypte pour sa part Chirinne Ardakani, l’avocate de Narges Mohammadi en France, repris par Radio France International (RFI). Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas dupes de ces opérations-là et on sait qu’il y a aujourd’hui une répression qui continue de se poursuivre à l’encontre des Iraniennes, des Iraniens et de tous les prisonniers d’opinion en Iran. ».
Ali Rahmani, le fils de Narges Mohammadi, qui réside en France, a de son côté enfin pu échanger quelques mots avec sa mère, après deux longues années de silence. Il est formel : elle renonce à aucun de ses engagements, malgré les conditions difficiles de sa détention : « Elle m’a dit qu’il y a trois choses qui sont les plus importantes et qui doivent être répétées à tout prix. La première chose, c’est que lorsqu’elle a quitté la prison d’Evin, elle l’a quitté avec le slogan « Femme, vie, liberté » ; elle a quitté la prison d’Evin sans le voile obligatoire ; et qu’elle ne reculera devant rien et se battra toujours contre la République islamique d’Iran, tant que l’apartheid du genre n’est pas reconnu comme un crime universel dans le monde entier et que la peine de mort n’est pas abolie en Iran. »