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Journaliste ou communicant : Trêve de confusion!

En cette époque où règne une grande confusion entre ces deux professions, l’expertise d’Abel Thierry Onana remet les pendules à l’heure en situant chacune dans son créneau.

Si journalistes et communicants ont pour dénominateur commun l’information et l’emphase à la fois rédactionnelle et langagière qui en escorte la transmission, l’amalgame qui s’en suit entraine de nombreux professionnels et décideurs dans la déroute. La forte proximité qui lie ces deux métiers, pupilles des libertés publiques, a pourtant crée une confusion qui s’est durablement installée au sein des organisations autant que dans la conscience collective. Le cliché camerounais de cette réalité, où s’amoncellent des décennies d’égarements abreuvés  aux chefs de cellules de communication formés au journalisme, est l’illustration parlante à travers laquelle s’explique une bonne part des défaillances auxquelles sont confrontés moult administrations en matière de communication. « Il faut bien se le dire, un journaliste, bien que souvent maitre de l’information, n’est pas nécessairement un stratège de la communication », rectifie Abel Thierry Onana (ATO), spécialiste de la communication des organisations.

Malgré un passage remarqué dans les salles de rédaction de Radio Tiemeni Siantou (RTS), du poste national de la Cameroon Radio Television (Crtv) et autres Cameroun Actu où ont été écrits les épisodes les plus grands de sa carrière de journaliste, ce titulaire d’une maitrise en journalisme de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information (Esstic) parvient encore à dissocier les espaces. «Les objectifs de ces professionnels, leurs méthodes et compétences diffèrent sensiblement », explique ATO dans la mémoire de qui circulent les fiascos enregistrés par de nombreuses entreprises, enclines qu’elles sont à remettre leur communication entre des mains inexpertes.  « Il existe des nuances fort perceptibles entre le rôle de journaliste et de communication », poursuit le patron de Hirca Sarl, cabinet de communication où s’étalent les années d’expérience de cet archiprêtre de la com’.

Journaliste, saint patron de l’information

« La définition des objectifs, le choix des canaux, la mesure de l’impact et la gestion de crise sont des compétences qui relèvent davantage du domaine de la communication »

De quelles nuances parle exactement ATO ? Une question qui nous ramène aux notions principielles qui singularisent chacun des deux métiers. Le journaliste, tient – il à rappeler, est avant tout un « conteur d’histoire ». Un épistolier dont la plume fait couler l’encre des genres journalistiques connus. Un historien du présent qui collecte, traite et diffuse l’information. En tant que rédacteur, il a « une maitrise exceptionnelle de la langue, une capacité à synthétiser l’information et à la rendre accessible à un large public ». Ses investigations en font « un expert qui sait comment approcher les sources, mener un entretien et obtenir des informations exclusives ». Son côté RP (Relation presse), autre corde à son arc, lui offre « une facilité à rassembler et échanger avec ses confrères pour la couverture d’évènements, les conférences et points de presse ou encore la négociation d’interviews et la diffusion d’informations exclusives ».

Rédaction d’articles, investigation et relation presse. Le triangle des Bermudes d’une activité journalistique frontalière au terrain où se meut le grand règne du communicant. Une séparation actée notamment par la stratégie de communication, expertise souvent inconnu du journaliste. « La définition des objectifs, le choix des canaux, la mesure de l’impact et la gestion de crise sont des compétences qui relèvent davantage du domaine de la communication », ajoute le consultant.  Les outils et la méthodologie, deux autres portes qui se referment sur les aptitudes du journaliste, sont un apanage du communicant. « Celui-ci dispose d’un arsenal d’outils et de méthodologie spécifiques tels que les études de marché, les enquêtes… qui lui permettent de mieux cerner les attentes des publics et d’adapter leurs messages en conséquence », apprend l’expert international et chef de la  communication du Projet d’appui au développement de l’enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’emploi (Padesce). Il  convient de noter que la Banque mondiale, bras financier de ce projet, a par le passé requis les services d’ATO.   La preuve d’une exégèse qui traverse les frontières et convainc sous d’autres cieux.

Le communicant, bâtisseur de notoriété

« Le journaliste est tenu par un devoir de réserve et d’impartialité, tandis que le communicant a plus de latitude pour défendre les intérêts de son client »

Le communicant, tel que nous le présente ATO, est un vaste réservoir de compétences faites de stratégie, de planification et de gestion de crise. Pour les deux premières, « le communicant conçoit des pla

ns de communication à long terme en tenant compte des enjeux de l’entreprise et de son environnement ». La crise qui peut survenir au sein d’une organisation permet aussi au communicant de révéler une autre de ses aptitudes : la proactivité. « Il met en place des actions de communication rapides et efficaces pour limiter les dommages et préserver la réputation de l’entreprise ».

L’unicité voulue par l’ignorance ambiante occulte d’autres points de divergence entre journalistes et communicants. Si l’objectivité est le manteau où va se blottir le journaliste dans son travail, le communicant assume sa subjectivité, moteur de son action au quotidien. La priorisation par le journaliste de l’intérêt général croise l’intérêt particulier du communicant. A ces disparités, s’ajoute les querelles déontologiques qui opposent régulièrement les deux. « Le journaliste est tenu par un devoir de réserve et d’impartialité, tandis que le communicant a plus de latitude pour défendre les intérêts de son client », explique ATO qui reconnait cependant la complémentarité agissante entre journalistes et communicants. Deux frères qui finissent par s’entendre après quelques chamailleries. « Ils se révèlent souvent complémentaires, reconnait ATO. Les journalistes apportent leur expertise en matière d’information et de relation presse, pendant que les communicants apportent leur vision stratégique en matière de gestion de réputation ». Le fin mot de celui qui est aussi le promoteur du site internet lesrencarts.com, spécialisée dans l’actualité culturelle.

 

 

 

 

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