Quarante cinquième présidents des Etats-Unis, Donald Trump entre également dans l’histoire comme le premier ancien président américain à être jugé pour un crime. Engagé dans la course à la présidentielle qui aura lieu le 5 novembre 2024, ce procès qui s’ouvre alors qu’il est en pleine campagne, pourra très sérieusement compromettre ses chances de victoire.
Le mis en cause y voit d’ailleurs une main mise sécrète de son principale challengeur dans la course à la maison blanche. Dans ses quelques mots prononcés à la presse avant de s’engouffrer dans la salle d’audience hier matin, Donald Trump s’est attaqué à Joe Biden. « Le pays est mené par un homme incompétent, qui s’est énormément impliqué dans cette affaire. C’est une attaque contre un opposant politique », a-t-il lancé, en direct sur les télévisions américaines, dénonçant également une « attaque contre l’Amérique ».
Il tient couramment ce genre ce propos. Mais en le répétant à l’aube de semaines d’audiences à rallonge, le républicain confirme une fois de plus sa stratégie de faire des prétoires une estrade politique pour sa campagne.
Une course contre la montre
Avec « 500 jurés qui attendent », le juge de New York Juan Merchan semble ne pas vouloir que le procès s’éternise, et s’est ainsi opposé à l’équipe de Trump, qui joue elle la montre. Le juge a ainsi refusé de se récuser, comme le demandait la défense. Il a aussi balayé les accusations du camp Trump lui reprochant les liens de l’employeur de sa fille avec le Parti démocrate.
Le juge a souligné le retard de la défense après une brève suspension d’audience lundi après-midi. « Merci de veiller à respecter le temps alloué aux pauses afin que l’on puisse avancer », a dit Juan Merchan à l’avocat. Une majorité du premier groupe de 96 jurés potentiels au procès de Donald Trump s’est déclarée incapable de le juger équitablement et a été aussitôt exemptée – signe que la constitution du jury sera longue.
Accusé « d’attraper les femmes par la chatte »
Les débats techniques de lundi matin sur ce qui pourra être versé comme élément au cours des débats ont donné une indication de la stratégie de l’accusation : dépeindre Donald Trump comme un homme sexiste, agressif envers les femmes. Les procureurs ont ainsi demandé à ce qu’une vidéo devenue célèbre, où on l’entendait se vanter d’ « attraper » les femmes « par la chatte », soit diffusée lors de l’audience. Le juge n’a accordé qu’une référence textuelle à ces propos, sans projection de l’extrait
Le juge a également refusé la requête de l’accusation portant sur l’évocation d’autres allégations d’agressions sexuelles visant Donald Trump, dénonçant de « simples propos rapportés ».
Monsieur Trump, et non monsieur le président…
« Bonjour Monsieur Trump », a déclaré le juge Juan Merchan en entrant dans la salle, sans dire « Monsieur le président Trump », comme le veut l’usage aux États-Unis -manière de rappeler que l’ancien dirigeant n’est ici qu’un simple citoyen.
Le juge a également rappelé à l’audience que, comme n’importe quel prévenu, il doit se présenter à l’audience chaque jour, sous peine d’être recherché par les autorités. Et qu’il pourrait être envoyé en prison s’il perturbait l’audience
Le silence de Biden
Pendant ce temps-là à Washington, la Maison-Blanche marche sur des oeufs. « Je suis sûre que (le président) va être tenu au courant à un moment dans la journée, mais il se concentre pour l’instant sur les rencontres à son programme », a déclaré la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre.
Interrogé depuis le Bureau ovale aux côtés du Premier ministre tchèque Petr Fiala par un journaliste pour savoir s’il comptait regarder le procès de son adversaire politique, Joe Biden a secoué la tête en signe de dénégation.