Une étude récente, publiée dans Scientif Report, met en évidence l’effondrement des frontières entre création humaine et artificielle, au point que même des lecteurs avertis ont du mal à les distinguer. Des chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont réalisé ces recherches dans le but d’évaluer la capacité de lecteurs non experts à différencier des poèmes écrits par des personnes humaines de ceux générés par ChatGPT 3.5. Tout d’abord, 1 634 participants recrutés aux États-Unis avaient un âge médian de 37 ans : 49,6 % d’hommes, 48,5 % de femmes et 1,9 % de non binaires ou préférant ne pas donner de précisions. 10 poèmes ont été proposés à leur lecture, dont 5 de poètes renommés et 5 créés par ChatGPT dans le style de ces mêmes auteurs. Ils étaient chargés d’une tâche apparemment facile : évaluer si chaque poème était d’origine humaine ou créé par une IA.
Contrairement aux attentes, leur taux de succès a été plus faible que prévu, avec une précision de 46,6 %. Il y avait souvent des erreurs commises par les participants qui croyaient que les poèmes créés par l’IA étaient écrits par des individus. Effectivement, ils préféraient souvent attribuer une paternité humaine aux poèmes d’IA plutôt qu’aux poèmes purs. La deuxième étude, cette fois-ci avec 696 participants, était également basée aux États-Unis avec un âge médian de 40 ans : 50,4 % d’hommes, 46,6 % de femmes et 3 % de personnes non binaires ou ayant choisi de ne pas préciser. Cette fois-ci, son attention s’est portée sur l’analyse qualitative des poèmes. Chaque texte a été évalué par les participants en fonction de divers critères tels que le rythme, l’émotion et l’originalité, sur une échelle de 1 à 7. Les résultats ont montré que les poèmes créés par l’intelligence artificielle étaient souvent supérieurs à ceux des poètes humains, en particulier en termes de clarté et de rythme.
Les résultats de ces recherches révèlent un phénomène étonnant, appelé « plus humain qu’humain ». Les poèmes de l’IA étaient fréquemment privilégiés par les participants en raison de leur simplicité et de leur accessibilité. À la différence des poèmes écrits par des poètes humains, qui sont souvent plus complexes et nuancés, les poèmes créés par ChatGPT se distinguent par un langage plus direct et des thèmes clairs.
Selon les chercheurs, ce phénomène est le résultat d’un biais perceptuel. Les participants anticipent que l’intelligence artificielle élabore des textes de moins bonne qualité, mais, contre toute attente, lorsqu’ils apprécient un poème, ils en concluent qu’il a été écrit par un être humain. De cette manière, même si elle n’a pas d’intentions créatives, l’IA réussit à séduire grâce à sa capacité à créer des textes accessibles et plaisants. Cependant, malgré ces progrès, il existe toujours un biais : lorsque les participants sont conscients qu’une œuvre est produite par l’IA, ils ont tendance à lui accorder une valeur moindre. Cette méfiance demeure profonde, même si, dans la réalité, les œuvres de l’IA peuvent dépasser celles des êtres humains en termes d’esthétique.