Claude Lévi-Strauss est fasciné par les peintures corporelles des Indiens kadiwéu lors d’un séjour ethnographique au Brésil en 1935-1936, où il découvre un « style » organisé par un véritable « système ». Une pochette contenant plus d’une trentaine de dessins originaux, donnés à l’anthropologue par des femmes caduveo (orthographe occidentalisée de l’époque), est découverte bien plus tard par Monique Lévi-Strauss. Cette documentation privée, jusqu’alors inédite, s’inscrit dans une approche d’anthropologie sociale et structurale, véhiculant une perspective spécifique sur la société et le monde. Dans cet ouvrage, ces documents, qui sont publiés pour la première fois, sont accompagnés des chapitres correspondants de Tristes Tropiques.
Ces motifs et dessins sur papier ont été reproduits par les femmes Caduveo, qui peignent généralement directement sur les visages et les corps, afin de les donner à Claude Lévi-Strauss en échange de ses dons de papier, de crayons et de perles lors de son voyage au Brésil. Ce texte s’inscrit dans une approche d’anthropologie sociale et structurale, ces représentations physiques sont l’expression d’une perspective sur la société et le monde. Cependant, leur dossier est ici un document confidentiel et inédit.
Le volume présente la reproduction de ces dessins, en couleur, en référence aux deux chapitres de Tristes tropiques où Claude Lévi-Strauss en explique la fonction : mélange de symétrie (figures géométriques) et d’asymétrie (courbes), ils illustrent par conséquent la complexité de la société Caduveo, à la fois égalitaire et hiérarchisée. « En tant que responsable de ces documents, j’ai jugé judicieux de les mettre en ligne afin de les rendre accessibles aux chercheurs. J’ai été encouragé par Maurice Olender, à qui j’en parlais », écrit Monique Levi-Strauss dans un texte qui accompagne l’ouvrage. Et d’ajouter : « Les Éditions du Seuil et Lydia Flem font de leur mieux pour mener à leur terme les projets de Maurice Olender, dont nous déplorons la soudaine disparition. J’espère que la publication de ces documents aidera les anthropologues à comprendre les décors faciaux des femmes caduveo. »
Dans un message adressé aux responsables des points de vente, Media Diffusion demande que les exemplaires commandés et reçus ne soient donc pas commercialisés. « Nous avons reçu cette demande la veille de la mise en vente », nous assure un libraire. Et le distributeur de réclamer le retour de l’intégralité du stock, sans autre forme de procès, rapatriés aux frais de l’éditeur. La responsable de la collection, contactée par nos collègues du magazine littéraire ActuaLitté, informe que la publication a été reportée car « le dialogue avec les représentants du peuple kaduwéu dont les dessins sont reproduits dans le volume est toujours en cours ». En réalité, il resterait à clarifier une question de droit concernant les photos, nous explique le groupe Media Participations, qui est propriétaire du Seuil.