« J’ai la conviction que nous sommes face à une crise de civilisation, à un changement complet de paradigmes et que nous assistons à un déplacement de l’axe de notre planète. » Ce n’est pas le temps des cathédrales, mais celui des combats que Nicolas Sarkozy prophétise donc dans son nouvel essai.
L’un des premiers combats que son éditeur aura manqués est donc celui du respect de la date de mise en vente, fixée… par l’éditeur de l’ouvrage. Le Syndicat de la librairie française rappelle en effet que le non-respect de la date entraîne une distorsion de concurrence entre les différents revendeurs.
De fait, ignorer cette règle confère un avantage majeur aux grandes plateformes en ligne face aux petites entités, estime le SLF, surtout pour les ouvrages populaires dont la sortie est largement anticipée et médiatisée. Sauf que pour le coup, ce ne sont pas les plateformes qui en ont le plus profité…
Tiens, tiens…
Le livre de l’ex-président de la République a reçu un accueil chaleureux de ses lecteurs, avec une séance de dédicaces de quelque 600 exemplaires à la librairie de La Baule. Grandiose. Mais alors quoi ? Selon les données de notre partenaire Edistat, l’ouvrage de Nicolas Sarkozy s’est écoulé à 2170 exemplaires, au cours de la semaine 33 — soit du lundi 14 au dimanche 20 août 2023. Une hérésie, attendu que l’ouvrage ne devait être commercialisé qu’à partir du 22 août.
Probablement impatients de parcourir la suite de son essai, Le temps des tempêtes, écoulé à 11.735 exemplaires, les clients se sont massés. D’autant que certains vendeurs avaient anticipé l’engouement : un lecteur nous a ainsi transmis une photo, prise ce 18 août dans un magasin Super U de la Sarthe : le livre était bel et bien disponible dans une pile d’une dizaine d’exemplaires.
De quoi conforter les observations que fournit Edistat : sur la semaine 33, prenant fin le 20 août, soit deux jours avant la vente officielle, 2170 livres furent vendus.
Mon nom est Lang, Jack Lang
Que disent ces chiffres ? Que l’esprit de la loi Lang, portant sur le prix unique du livre, n’a pas vraiment effleuré les points de vente. Et qu’en période de rentrée littéraire, scolaire, et ainsi de suite, les grandes surfaces spécialisées en ont profité pour prendre de l’avance sur leurs confrères.
Les GSS désignent toutes les grandes enseignes, Cultura, Fnac, Leclerc, etc. sans qu’il ne soit possible, à travers les datas de notre partenaire, de définir qui aura cédé au chant des sirènes. Et brisé la règle : pas de vente avant la date. Ce segment inclut également la vente en ligne — dont le cyberlibraire qui commence par A et finit par Mazon. « Ils ne sont pas coutumiers de ce genre de pratiques : les instances n’attendent que cela pour leur tomber dessus », nous assure un libraire parisien. « En revanche, constater d’après vos chiffres que près de 600 exemplaires furent écoulés dans des librairies est assez préoccupant. »
Conclusion ? Une semaine avant sa disponibilité officielle, le livre est 103e du classement des Meilleures ventes et se place en 5e position du Top 50 Essais… en toute illégalité. La pagaille règne, au point que même le site de Hachette France ne sache plus où donner de la tête et assure que le titre est paru le 19 août…