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« Le Mbolé du Kwatta » : De la plèbe à la scène

Phénomène artistique des dix dernières années au Cameroun, l’histoire de ce rythme musical né dans les banlieues de Yaoundé est le thème principal d’un documentaire réalisé par Yannick Mindja.

79 minutes pour relater l’odyssée fantastique du Mbolé à travers ses pionniers, monstres sacrés d’un rythme musical qui continue à gravir les marches de la notoriété internationale. Rien pourtant ne présageait un tel succès au « Mbolé du Kwatta », comme le scandent si bien les 4 premières minutes de ce documentaire réalisé par le Camerounais Yannick Mindja. « Je t’assure mon frère, nous avons beaucoup galéré », entend-t-on chanter au rythme du Djembè, le tambour totémique de toutes les prestations Mbolè.

La suite de ce récital à la gloire d’une musique madrée des couleurs nationales entraine le téléspectateur à Nkolndongo, quartier du 4ème arrondissement de Yaoundé où est enterré le cordon ombilical du Mbolé. Un feedback de près de 20 ans resitue l’auditoire dans le contexte historique de ce qui n’était encore qu’une animation de banlieues, un show pour veillées funèbres et célébrations nuptiales.

A la baguette, Bertrand Loïc, celui que les bonnes pages de l’encyclopédie du Mbolé présentent comme l’initiateur du Mbolè. « J’en suis le président-fondateur », martèle-t-il dans une capture vidéo depuis la France où il réside. Autour de ce chef d’orchestre à la popularité déjà établie dans le Yaoundé de la nuit, Petit Mallo, Pat Jabar, Phil Massinga, la défunte Michèle, Léonard la Voix Champagne…La première écurie du Mbolé prend corps. Tous dans la vingtaine, ils rêvent de sortir de la misère qu’ils côtoient au quotidien et la musique est pour beaucoup une rampe de lancement vers un lendemain plus coloré. Mais les portes des radios, boites de nuit et autres lieux de spectacle leurs restent ostensiblement fermés. La cause ? «On nous trouvait trop bruyant », explique Petit Mallo, qui fait allusion aux couvercles des marmites et claquement de mains qui constituaient les premières symphonies d’un rythme en quête d’identité instrumentale.

Le succès

La première innovation surviendra avec l’arrivée d’Aristide Mpacko dans la Mbolé Band. Prince de la nuit et percussionniste en vue, il rallie le Mbolé avec un djembé sous l’aisselle. C’est le premier instrument de ce genre musical à qui la chance commence à sourire progressivement. Le déclic du succès retentira dans le studio d’enregistrement de Dj Lexxus, auteur avec Petit Malo  de la première chanson Mbolé «mastérisé». Un son de triomphe retentira au sein de la corporation, annonçant au passage la saison des awards. Pendant que Petit Malo est nominé au Balafon Music Awards en 2016, Happy d’Efoulan s’adjugera le Saint Graal du Canal d’Or en 2021 dans la catégorie « Révélation musicale ». Le son du djembé traversera les frontières nationales et occupera les antennes de radiodiffusion et de télévision du continent, nouveau marché où s’exporte désormais un Mbolé qui hisse les couleurs du Cameroun au sommet de tous les hitparades.

A ce talent nouveau à travers lequel s’exprime un genre musical devenu l’emblème d’une nation, s’ajoutent des expert du musicalement correct vers qui Yannick Mindja s’est rendu. Au-delà du Mbolé, c’est la musique camerounaise dans son ensemble qui est froidement auscultée. Des visages connus du management des carrières musicales  et du marketing digital s’exprimant sur les manquements auxquels sont confrontés les artistes camerounais en ces temps dominés par une concurrence de tous les instants. Un film d’information où se croisent histoires et enseignements. Un documentaire déjà primée aux Ecrans Noirs et qui sera bientôt diffusé sur les antennes de télévision. Stay tuned!

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