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Le psychosociologue Jacques Salomé accusé de violences sexuelles

L’ auteur de nombreux livres dont une grande partie éditée par Albin Michel, fait l’objet d’une enquête judiciaire à la suite d’allégations de violences sexuelles portées par plusieurs femmes. Dans le contexte de formations ou de stages, il aurait commis des viols, prétendument sous le prétexte d’une approche thérapeutique.

Jacques Salomé, un auteur et psychosociologue de 89 ans, est l’objet d’une procédure judiciaire, selon Franceinfo, qui rapporte également les déclarations de plusieurs femmes. Ces récits relatent des événements qui auraient eu lieu sur une période de plusieurs décennies, le plus ancien datant d’environ quarante ans et le plus récent du début des années 2010. Bien que le psychosociologue, touché par un AVC en 2014, ne soit plus en fonction, sa technique Espere, « pédagogie de la communication et de la relation », est toujours mise en pratique par un institut situé dans le 14e arrondissement parisien. De plus, plusieurs de ses ouvrages demeurent disponibles à la vente. Avant tout, la justice procède à une enquête pour vérifier si d’autres individus auraient également été victimes de Jacques Salomé.

Grâce à l’investigation de la journaliste Catherine Fournier pour Franceinfo, cinq femmes partageant des similarités ont pu être témoins. Donc, les événements signalés auraient eu lieu pendant ou au cours de séances destinées à des fins thérapeutiques. Christine, qui a 60 ans, mentionne par exemple des incidents qui auraient eu lieu autour de séminaires de développement personnel dans les années 1980, dans un ancien centre de formation en relations humaines dirigé par Jacques Salomé. Lors de la troisième rencontre, au moment de se dire au revoir, le psychosociologue aurait abusé de sa patiente : « Il a alors glissé sa main dans mon pantalon et ma culotte, me demandant de pousser », confie-t-elle à Franceinfo. « Tu vois que tu es encore en vie », aurait réagi Jacques Salomé, associant de ce fait cet acte à une démarche thérapeutique.

En février 1990, Thérèse, qui se rapproche de ses 40 ans, décide de suivre une formation sur « l’entretien dans la relation d’aide ». Persuadée, elle effectue une progression significative, en enchaînant les sessions jusqu’en mars 1993. Lors de la dernière session, à sa demande, elle se serait retrouvée seule avec Jacques Salomé. « Il était assis au sol. Alors qu’il traversait la salle, il a exhibé son sexe et m’a ordonné de le saisir dans ma main, c’était un ordre ». Bien qu’elle ait été « sidérée, choquée », elle se serait pliée à la situation, pensant que cette relation s’inscrivait dans le cadre d’une thérapie. Élisabeth, âgée de 66 ans, aurait été séduite par la même conviction suite à un premier séminaire de développement personnel à Oppède-le-Vieux en octobre 1991. Elle aurait souligné « l’atmosphère sexualisée » et, lors d’un exercice, aurait été victime d’un geste déplacé de Jacques Salomé, qui aurait glissé « la main en dessous » d’une couverture où elle était dénudée pour lui caresser les fesses. Jacques Salomé aurait plus tard convoqué la présumée victime dans une chambre, équipée d’un lit, avant de « baisser son pantalon », comme s’il s’agissait d’un « entretien ». Élisabeth aurait effectué une fellation, considérant l’acte comme étant « thérapeutique ». Claire, nom fictif donné par Franceinfo, a commencé un processus de soin au début des années 2010. Selon son témoignage, au cours d’une rencontre avec Jacques Salomé, il lui aurait infligé « une pénétration digitale non consentie », avant de la mordre sous le sein. Jacques Salomé aurait affirmé : « Tu vas dire « oui » à tout ce qui va se dérouler ». Le psychosociologue lui aurait fait subir un autre viol du doigt quelques mois plus tard.

Les contextes thérapeutiques de ces agressions potentielles sont liés à un système de domination décrit par les victimes. Christine aurait pu être incitée à collaborer avec Jacques Salomé en contrepartie d’un accès aux ateliers de développement personnel, prenant ainsi diverses formes. « Les stages me créaient une dette envers lui, il était nécessaire que je fournisse un travail à la hauteur », précise-t-elle dans une interview avec Franceinfo. Claire aurait également effectué « des petits travaux, non rémunérés » pour le psychosociologue D’autres témoignages soulignent la dépendance émotionnelle que Jacques Salomé aurait générée chez ses « patientes ». « On absorbait ses mots » se rappelle Thérèse, tandis qu’Élisabeth admet avoir été envoûtée par celui qui aurait débarqué tel un « messie » : « J’étais dépendante. »

Franceinfo souligne qu’en avril et juillet 2024, la justice a relancé des enquêtes sur les cas mentionnés par Christine et Élisabeth, bien que prescrits, dans le but d’établir si d’autres potentielles victimes de Jacques Salomé pourraient être identifiées. Les allégations formulées par Claire ne sont pas sujettes à prescription, toutefois, une plainte a été classée sans suite en 2021 pour « infraction insuffisamment caractérisée ». Selon Franceinfo, une autre poursuite judiciaire serait en cours contre Jacques Salomé. Les femmes qui ont consenti à parler à ce média décrivent des trajectoires fortement perturbées par les événements qu’elles dénoncent. Suite à sa rencontre avec Jacques Salomé, Élisabeth se retrouve dans un état de « confusion », qui évolue progressivement vers une dépression. Inquiets pour sa santé, ses enfants la font admettre à l’hôpital où elle n’a plus que 38 kilos : un diagnostic révélera un « état de stress post-traumatique ». Claire souffre aussi d’une grave dépression et a été hospitalisée en psychiatrie. On lui a également diagnostiqué un « trouble de stress post-traumatique », suite à un « incident psychologiquement traumatisant ». Elle est toujours dans l’incapacité de travailler aujourd’hui.

L’Institut Espere, toujours en fonction, a répondu par le biais d’une porte-parole. Celle-ci a exprimé son étonnement face à ces allégations, déclarant à Franceinfo : « Je suis stupéfaite par ces accusations, inconcevables concernant Jacques Salomé . En sa qualité de formateur, il a aidé de nombreuses personnes touchées par des violences, en particulier sexuelles, à s’exprimer, à dire « non » et à se libérer de toute forme de domination », a-t-elle ajouté. Par le biais de son épouse, l’individu concerné a « réfuté toutes les accusations portées contre lui » auprès de Franceinfo, son état de santé ne lui permettant « pas de le faire directement ».

 

 

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