Alors qu’elle faisait l’objet d’attaques racistes de la part du Rassemblement National, la chanteuse Aya Nakamura fut néanmoins choisi pour représenter une France métissée, lors des Jeux Olympiques sur une reprise de Charles Aznavour.
La chanteuse franco-malienne franchit une nouvelle étape de sa vie. Cette fois en étant le thème central d’un colloque « Aya Nakamura, le minoritaire et le majoritaire » qui s’est tenu le 2 octobre sur le campus de Rennes 2. « Nous voulions aborder le paradoxe entre le fait qu’elle soit en tête des ventes de disques en France et qu’en même temps, qu’elle vienne d’une minorité raciale et d’une culture pas toujours bien vue », révèle Emmanuel Parent, maître de conférences en musiques actuelles à Rennes 2.
Le spécialiste détaille la « modernité » de l’artiste, prenant pour exemple le clip de Pookie, tourné au château de Fontainebleau : « dans ce lieu de l’Histoire française, elle était parvenue à faire bouger les lignes. (..) La France a un rapport presque religieux avec la chanson et la langue française. La question de la langue est souvent un argument pour la discrimination. Mais la langue évolue. Et la langue de Molière n’est pas celle qu’on entend à la télévision ».
Sur son site, l’université de Rennes indique que « l’œuvre de Nakamura offrirait ainsi une occasion particulièrement éclairante pour comprendre la langue et le genre « chanson » comme des catégories instables et traversées par des phénomènes constants de contacts, de tensions, d’interactions culturelles et linguistiques ».
« Ceux qui comprennent mes paroles apprécient que je donne le point de vue des femmes, assurait Aya Nakamura en 2019 à Télérama. Et aussi que j’utilise les mots de la rue. Mais la plupart des gens m’écoutent seulement pour ma musique… » Avant elle, Lady Gaga était devenue un sujet d’étude en 2011 pour l’université de Caroline du Sud ; Beyoncé, elle aussi, en 2017, voyait son impact analysé à l’université de Copenhague — puis en 2022 à l’Ecole Normale Supérieure à Paris. Dernièrement, un cours entièrement dédié à Taylor Swift a été créé à l’université de Gand en Belgique, puis à Harvard et en Floride.
Aya, l’artiste française la plus écoutée au monde
Sur le service de musique en ligne, Spotify, la chanteuse de 28 ans totalise près de 10 millions d’abonnés qui l’écoutent mensuellement. Elle fait notamment partie de ces artistes francophones qui sont à l’origine de l’essor de l’industrie musicale francophone.