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Le Spirou « raciste » interdit suscite l’enthousiasme des pirates et des revendeurs

À la fin du mois d’octobre, un ancien titre publié par Dupuis, Spirou et La Gorgone bleue, était en pleine polémique sur les réseaux sociaux : accusé de racisme en imitant des personnages noirs en des singes, le titre était en plein essor sur Internet. Et à présent, ses partisans rétorquent, réclamant à l’éditeur de revoir sa décision d’arrêter la vente.

« Cet album s’inscrit dans un style de représentation caricatural hérité d’une autre époque. Plus que jamais conscients de notre devoir moral et de l’importance que représente la bande dessinée en tant qu’éditeur et plus largement le livre dans l’évolution des sociétés, nous prenons en ce jour la pleine responsabilité de cette erreur d’appréciation », reconnaissait rapidement la maison Dupuis, alors que la polémique battait son plein. Et de décider de retirer l’ouvrage de la vente, après que près de 16.000 exemplaires ont été écoulés depuis la parution début septembre 2023. Certainement sans trop de regrets : il s’en était vendu près de 1800 volumes sur l’ensemble de l’année 2024… avant que cette discorde n’éclate. Car bonne ou mauvaise, qu’importe, toute promotion est à prendre : durant la semaine où l’album est passé au gril, ce sont 2345 tomes qui trouvent preneur (données : Edistat). Soit plus de deux fois les ventes jusqu’à lors réalisées. Un chant du cygne d’autant plus appréciable qu’inattendu.

D’ailleurs, certains margoulins ont flairé le bon plan : des exemplaires sont proposés sur le marché d’occasion, à des tarifs allant de 200 à 1000 € pour une version dédicacée par Dany. Et nombre de ces annonces surfent sur l’interdiction du titre en question pour justifier ces prix — qui plus est sur un modèle d’enchères : sait-on jamais, y’a pas de petits profits… En parcourant le web sans acharnement, nous avons recensé plus d’une quizaine de propositions, dépassant allégrement le prix fixé par l’éditeur pour ce titre.

Le dessinateur a vu le ciel lui tomber sur la tête, se défendant de toute forme de velléité raciste et moins encore d’intention de discriminer des êtres humains, mais à malheur quelque chose est bon. Que le Belge de 81 ans découvre que les dessins qu’il aime réaliser ne conviennent plus à un public contemporain est une chose. Que l’on en oublie de considérer que l’éditeur de ce titre a tout de même laissé passer un ouvrage aux traits problématiques en est une autre.

 

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