Il y a de nombreux témoignages contre l’écrivain britannique Neil Gaiman. Après avoir recueilli les paroles de plusieurs femmes lors d’un podcast de Tortoise Media , le New York Magazine a publié le 13 janvier une enquête approfondie sur les actes supposés de cette figure de la littérature fantasy et SF (American Gods, The Sandman, Coraline…), dont plusieurs ouvrages ont été adaptés à l’écran. De nouvelles femmes s’expriment pour dénoncer des relations influencées entre le romancier à succès et de jeunes fans d’une vingtaine d’années, des rapports violents proches des pratiques BDSM, mais aux limites et aux contours incertains, et ce qui pourrait être qualifié d’agressions sexuelles et de viols. Deux plaintes au moins ont été déposées. Les accusations sont contestées par Neil Gaiman ou ses représentants qui soutiennent que les relations ont toujours été consenties.
Scarlett Pavlovich, une amie de l’ex-femme de Gaiman, et la babysitter occasionnelle de leur fils, sont l’objet de l’article. L’écrivain aurait insisté pour qu’elle utilise une baignoire installée dans son jardin lors de leur première rencontre, avant de la rejoindre entièrement nu. « Il a mis ses doigts directement dans mon anus et a essayé d’y introduire son pénis, raconte-t-elle. J’ai dit : “Non, non.” Il a ensuite essayé de frotter son pénis entre mes seins, et j’ai également dit : “Non”. Il m’a ensuite demandé s’il pouvait jouir sur mon visage et j’ai dit : “Non”, mais il l’a fait quand même. Il a dit : “Appelle-moi maître et je vais jouir.” Il a dit : “Sois une bonne fille. Tu es une bonne petite fille.” ». Plus tard, la jeune femme, qui a maintenu le contact avec l’écrivain, aurait été victime de plusieurs autres relations violentes. En échange de près de 10 000 dollars, elle aurait conclu un accord de confidentialité afin de ne pas révéler ces informations.
Selon le New York Magazine, Neil Gaiman a également vécu son enfance au sein de l’Église de Scientologie – son père était le porte-parole de l’organisation au Royaume-Uni. Il implique que le futur auteur aurait été victime de sévices physiques, alors perpétrés comme des punitions au sein de la secte. Gaiman n’a jamais mentionné cela de manière publique, mais a publié en 2013 L’Océan au bout du chemin, un roman fantastique où le narrateur évoque ses souvenirs de petit garçon et raconte de nombreuses violences. Après la publication de l’enquête, Neil Gaiman a partagé un texte sur son blog le mardi 14 janvier. « En lisant ce dernier recueil de récits, il y a des moments que je reconnais à moitié et d’autres que je ne reconnais pas, écrit-il […]. Je suis loin d’être une personne parfaite, mais je n’ai jamais eu d’activité sexuelle non consentie avec qui que ce soit. Jamais. […] À l’époque où j’ai vécu ces relations, elles semblaient positives et heureuses de part et d’autre. Et je me rends compte, en les parcourant des années plus tard, que j’aurais pu et dû faire beaucoup mieux. »
Depuis les déclarations de Tortoise Media cet été, de nombreux projets impliquant l’écrivain ont été suspendus ou annulés. Disney a donc cessé de produire l’adaptation cinématographique de L’Étrange Vie de Nobody Owens (The Graveyard Book) en septembre. La saison 3 de Good Omens (Prime Video) a été réduite à un épisode de quatre-vingt-dix minutes fin octobre et l’auteur a été exclu de la production. La saison 2 de The Sandman, prévue cette année, a toutefois été maintenue par Netflix jusqu’à ces nouvelles révélations, et l’adaptation d’Anansi Boys, tiré du cycle romanesque American Gods, est toujours en cours de production sur Prime Video.