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Les femmes, l’art et la scène made in Cameroun.

Les daronnes camerounaises, sont artistes, critiques d’art, commissaires d’exposition, directrices de galerie, de musées et même universitaires. C’est dire qu’elles occupent une place prépondérante dans le mouvement artistique sur le continent.

Dans les us et coutumes au Cameroun, les femmes sont placées sous l’autorité paternelle, et à l’âge adulte sous celle de leurs époux. Confinées principalement aux tâches domestiques, elles consacrèrent en général le reste de leur temps aux activités culturelles.  Les tatouages au henné, la broderie et la couture entre autre, leur servaient alors d’exutoire. Une certaine légende attribue l’invention de la peinture à la fille d’un potier, une servante de Corinthe, qui en suivant l’image d’une torche aurait dessiné sur un mur, le profil de son amant avant qu’il la quitte. Toutefois, les artistes féminines camerounaises ont eu pendant longtemps de nombreuses difficultés à s’imposer sur une scène artistique fortement dominé par les hommes. Cependant, quelques-unes  émergent et permettent à l’art féminin africain de s’exporter aux delà des frontières du continent noir.

Petite galerie de quelques figures fortes de la scène artistique féminine camerounaise.

Werewere Liking : Plusieurs cordes à son « Art ».

Ecrivaine, poétesse, chorégraphe et peintre, l’artiste d’origine camerounaise à plusieurs cordes à son « Art ». Née le 01er mai 1950 à Douala, Eddy Njock Liking à l’état civil, s’installe en Côte d’ivoire où elle créée le groupe Ki Yi M’Bock, une compagnie de théâtre avec laquelle elle remporte plusieurs prix. Elle est également la fondatrice du village Ki Yi, espace culturel important dont la renommée transcende les frontières de la côte d’ivoire.  Werewere Liking est une autrice prolixe, dont les œuvres ont été récompensées à l’international. C’est le cas notamment du livre La mémoire amputée qui a reçu en 2005, le prix Noma de la publication en Afrique.

Le talent de l’artiste lui a valu plusieurs distinctions. Elle est notamment chevalier de l’Ordre culturel ivoirien, chevalier de l’Ordre national de Côte d’ivoire, chevalier de l’Ordre des arts et des lettres en France, prix des Cinq continents de la francophonie, prix Folon-Nichols de l’université d’Alberta pour ne citer que ceux-là.

Marilyn « doual’art » Bell.

La princesse Douala dans la région du Littoral-Cameroun est une tête bien faite. Titulaire d’un doctorat de 3ème cycle en économie obtenu à l’université de Nanterre en France, la princesse a travaillé durant près de dix ans comme consultante pour des organismes internationaux et pour des ONGs qui exercent dans le développement rural.

Elle fonde en 1991 avec son époux Didier Schaub le centre d’art contemporain doual’art. Le centre a pour mission de donner une identité nouvelle aux espaces urbains camerounais, de bâtir une nouvelle citoyenneté, d’éduquer et de conserver le patrimoine mémoriel de notre pays à travers l’art.

Dans cette perspective, Marilyn Douala Bell a  mis en place le Salon Urbain de Douala (SUD), évènement international triennal dont la première édition a eu lieu en 2007. Depuis son lancement, le SUD a offert plus de 80 œuvres d’art et évènements artistiques à la ville de Douala.

Marilyn Douala Bell travaille depuis 2014 sur des projets mémoriaux concernant l’histoire coloniale allemande au Cameroun.

Née en 1957, elle est la petite fille de Rudolf Douala Manga Bell, pendu par les Allemands le 08 août  1914.

Imbolo Mbue : Un manuscrit, un million de dollars.

Son talent et ses potentialités sont remarquables au  point où son premier manuscrit est acheté à un million de dollars. La Camerounaise naturalisée américaine séduit de nombreux éditeurs qui montent les enchères et finalement, Random House case la tirelire pour Behold the Dreamers traduit en français sous le titre Voici venir les rêveurs. Le livre est préacheté avant son édition. Ce roman pour lequel l’autrice prendra deux ans à parfaire le manuscrit remporte le PEN/Faulkner Award en 2017.

Imbolo Mbue a également  reçu le Prix littéraire Les Afriques en 2022 avec son deuxième roman intitulé How Beautiful We Where.

La jeune romancière qui est née en 1982 à Limbé dans la région du Sud-Ouest- Cameroun, est très appréciée par la critique. A son sujet, Jonathan Franzen a écrit : « Imbolo Mbue serait une formidable romancière n’importe où, dans n’importe quelle langue. C’est une chance pour nous qu’elle et ses histoires soient américaines. »

Un honneur qu’elle ait le sang camerounais qui coule dans ses veines.

Justine Nibala : La voix de la forêt 

C’est la chanson Djo’oko qu’elle interprète dans les années 90 qui lui ouvre la voie du succès. Justine Nabila se produit avec le groupe Patengue dans de nombreux festivals en Europe et sur le continent africain. Elle est distinguée chevalier de l’Ordre du mérite camerounais par le Premier ministre lors du Festival national des arts et de la culture (FENAC). Ambassadrice de la culture pygmée, elle participe à la coupe du monde de football en 1998 en France.

Toute cette reconnaissance cache à peine une profonde précarité au plan privée. Justine Nibala est mariée à Emaya Rigobert, plus connu sous le pseudonyme de Koukouma, danseur du groupe Patengué et chef  Pygmée Baka du groupement de Meyos. Le couple a 14 enfants et vit dans un dénuement total, sans un logis digne de ce nom.

En mai 2020, elle bénéficie de la générosité de la Chapelle de la Gloire du Christ, une confession religieuse basée à Yaoundé, qui lui construit une maison neuve, moderne et totalement équipée.

Justine Nibala, comme de nombreux artistes camerounais, porte la voix de la misère.

Written by Didier Denguel

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