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Librairie : la hausse des prix des livres sauvera-t-elle le chiffre d’affaires ?

Le début de l’année 2022 semblait assez rude pour les librairies, entre l’augmentation des prix de l’énergie, la guerre en Ukraine et deux élections majeures… Que dire de 2023, avec son inflation galopante, sa guerre qui se poursuit et un climat social plus tendu que jamais ? La hausse des prix des livres sauvera-t-elle, paradoxalement, le marché ?

Le début de l’année 2022 s’ouvrait sur un constat préoccupant, celui d’un décrochage du marché du livre. À partir de la mi-février, les niveaux de vente avaient accusé un sérieux recul en regard de la même période, en 2021. Toutefois, sur ses premiers mois, 2022 restait dans le vert, avec une progression de 0,2 % en chiffre d’affaires et de 0,2 % en volume.

Finalement, le bilan économique de 2022 s’avérait moins mauvais qu’escompté, avec un total de 4,3 milliards €. « Si l’activité est en repli par rapport à 2021, la dynamique reste bien supérieure aux références pré-Covid 19, en nombre d’exemplaires vendus (soit +7 %) comme en revenu (+11 %) », analysait Sandrine Vigroux, responsable GfK Market Intelligence Biens culturels.

Une baisse notable des volumes

L’Observatoire de la Librairie, outil conçu par le Syndicat de la Librairie française, propose les données d’un panel de 400 librairies françaises, dont le chiffre d’affaires représente un tiers de l’activité de la librairie indépendante.

Au mois de février 2023, d’après cet Observatoire, « le chiffre d’affaires livres des librairies du panel a baissé de 2 % », indique le SLF. Mais le cumul 2023 restait positif, avec une progression de 0,4 %.

Contacté, le SLF nous confirme une baisse marquée des ventes, en volume, sur la période du 1er janvier au 28 mars 2023 par rapport à celle entre le 1er janvier et le 28 mars 2023 : – 2,8 %. Ce recul s’expliquerait par différents facteurs, selon le syndicat patronal, notamment le climat social, l’inflation et les incertitudes liées à la guerre en Ukraine.

Le constat de l’Observatoire ne se retrouve pas tout à fait dans les bilans hebdomadaires d’Edistat, qui établit des statistiques des ventes de livres en France. D’après cet outil, les ventes en volume atteignent 20,4 millions d’exemplaires sur la période entre le 1er janvier et le 19 mars 2023, dans les librairies (tous niveaux confondus, cette fois) contre 20,55 millions sur la même période de 2022 : la variation n’est ici que de – 0,75 %.

Compensée par la hausse des prix

Cette baisse des ventes plus ou moins marquée, à ce stade de l’année, n’a pourtant pas eu d’effet sur le marché, lorsque l’on en considère, cette fois, la valeur. Pour l’Observatoire de la Librairie, celui-ci reste stable (+0,1 %) entre janvier et mars 2023.

Même constat chez Edistat, où le résultat en valeur est en plus nette augmentation : il atteint 262 millions € dans les librairies, tous niveaux confondus, entre début janvier et la mi-mars 2023, contre 254 millions € pour la période de l’année précédente (+ 2,9 %).

Moins de livres vendus, pour un chiffre d’affaires plus élevé : pour le SLF, cette situation s’explique sans doute « par la hausse des prix des livres ». Depuis quelques mois, les libraires français font en effet face à une croissance générale des prix des livres, décidée par les éditeurs pour répondre aux tarifs exponentiels des matières premières, du papier au carton, sans oublier les encres.

Les libraires se seraient a priori bien passés de ces augmentations, malgré tout, qui les contraignent à réétiqueter des références en magasins. Des hausses de 20 à 30 centimes se sont ainsi appliquées sur un certain nombre de titres en 2022 et 2023, avec obligation, pour les commerçants, d’informer les clients du prix pratiqué en caisse…

 

 

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