Né à New York de parents sénégalais, Magatte SOW grandi dans une famille où la musique fait partie intégrante du quotidien, avec un père artiste qui se produit dans un groupe influencé par les sons de sa terre natale, et les disques qui tournent à la maison à longueur de journée. « La musique, ça a toujours été dans ma vie, que ce soit à la maison, à l’extérieur ou à l’école. Je voulais tout le temps écouter des sons, et chanter. C’est une vocation qui est venue très rapidement, comme une évidence pour moi« , sourit-il.
Bercé par des artistes comme Youssou N’Dour, mais aussi le percussionniste Guinéen Mamadi Keita, Sow rêve de scène, d’albums et de faire SA musique, toujours avec l’Afrique à cœur. Parti habiter en Floride, puis en Californie, Sow met un premier pied dans le monde du cinéma en 1996, à l’âge de 8 ans, en étant recruté, avec son père, pour faire partie des figurants du film Amistad, produit par Steven Spielberg.
Sans le savoir, il écrit la première page de sa carrière avec le monde du septième art. « Je ne savais pas trop ce qui m’arrivait, mais c’était une superbe expérience, un truc de fou pour un enfant de mon âge !« se rappelle-t-il, « il y avait des légendes comme Morgan Freeman, Anthony Hopkins, mais aussi le Béninois Djimon Hounsou, qui a été un pionnier pour les Africains à Hollywood, et Matthew McConaughey, qui a une carrière exceptionnelle. Le tout dirigé par la légende Steven Spielberg ! Quand je revois les images du film, et que je vois ma tête d’enfant, ça me donne le sourire. C’était formidable !«
Le jeune musicien en herbe poursuit sa scolarité, tout en jouant dans différents groupes, joignant même, durant ses années au lycée, un marching band, une fanfare, dont les battles et les compétitions interscolaires sont très appréciées aux quatre coins des États-Unis. Sow joue différentes percussions, et profite de l’expérience pour continuer à progresser. « Il y a quelques similitudes avec certains rythmes africains, mais c’était quelque chose de nouveau pour moi, et ça m’a aussi permis de sortir de ma zone de confort« , précise-t-il, « je me suis vraiment beaucoup amusé, c’est intéressant de faire partie d’un groupe, d’une famille, et surtout de pouvoir jouer des percussions avec d’autres personnes qui n’avaient pas la même culture musicale que celle avec laquelle j’ai grandi« .
Magatte Sow poursuit son chemin dans la musique, collabore avec plusieurs groupes en Californie puis à travers le pays, et donne des cours de percussions pour arrondir ses fins de mois. En 2011, il rencontre Angélique Kidjo, qui le prend sous son aile. La carrière de Sow prend un nouveau tournant.
Au côté de l’artiste béninoise, Sow bascule dans une vie de musicien professionnel à plein temps, et se produit à travers le monde. Il vit un rêve éveillé. « Cela fait 13 ans que je collabore avec Angélique, et j’apprends tellement, c’est un vrai privilège de travailler avec elle« , précise-t-il, « on joue aux quatre coins du monde, dans des salles et des endroits mythiques et je suis fier d’avoir Angélique comme mentor. C’est comme une seconde mère pour moi, elle est tellement importante dans ma vie« .
À Paris, Chicago, Amsterdam ou Johannesburg, Sow se régale et vit à fond sa nouvelle vie d’artiste. Il continue de travailler sur certains projets personnels, et en 2016, il est approché par le célèbre producteur et compositeur suédois que le tout Hollywood s’arrache, Ludwig Goransson, afin de travailler sur la bande originale de Black Panther, le tout premier film des studios Marvel qui parle d’Afrique. Il accepte sans réfléchir et travaille d’arrachepied durant de longues semaines.
« Bosser sur les musiques de films, c’était une première pour moi, et ça m’a tenu à cœur de le faire car l’Afrique est le sujet principal du film« souligne-t-il, « avec Ludwig, mais aussi Kendrick Lamar qui a travaillé sur l’album, on a vraiment essayé de donner une belle caisse de résonance au continent, avec les sons, les beats, et en mettant beaucoup de percussions dans les différents titres. C’était important de marquer le coup pour ce premier Marvel sur l’Afrique« .
Pour ce film, Sow et l’équipe musicale du film décrochent la timbale avec un doublé Grammy Award et Oscar en 2019 dans la catégorie Meilleure bande originale. « Quand j’ai vu Ludwig monter sur scène pour récupérer l’Oscar, et mentionner mon nom dans ses remerciements, ça m’a vraiment touché, c’était un rêve qui devenait réalité. Moi, le fils d’immigré sénégalais qui a participé à la création de la bande originale d’une superproduction hollywoodienne, c’était irréel. C’est l’un des plus grands moments de ma carrière jusqu’à présent« sourit-il.
Il tourne encore et toujours avec Angélique Kidjo et en 2020, gagne un nouveau Grammy Award aux côtés de l’artiste béninoise, qui marque l’histoire avec son album « Celia » en hommage à Celia Cruz.
Sow continue sur la lancée, et un an plus tard, la même équipe constituée par Goransson se remet au travail pour enregistrer la bande originale de la suite du premier opus Marvel, Black Panther : Wakanda Forever, cette fois-ci en collaboration avec les artistes américano-nigérian Toby Nwigwe et l’Anglaise Jorja Smith.
Sow compose même un titre entièrement, avec This Will Mean War qui est l’un des sons phares de cette nouvelle superproduction. « Sincèrement, j’en ai pris plein la vue durant ces années, entre les travaux sur les films et les concerts avec Angélique et le groupe. Ça a été très intense, mais une période d’énormes satisfactions, de grandes joies. Faire parler du continent, des sons de l’Afrique, et avoir des coups de projecteurs sur ceux-ci, c’est l’une des raisons pour laquelle je fais de la musique. C’est hyper important pour moi en tant que Sénégalais, en tant que fils du continent. On veut représenter de la meilleure des manières« explique-t-il.
Toujours très actif aux côtés de Kidjo, Sow concentre aussi une partie de son énergie et de son temps sur des projets personnels, avec la production de son premier album, qui devrait sortir dans les prochains mois. « C’est LE projet qui me prend le plus de temps actuellement, et je veux faire les choses bien. Ce sera mon tout premier, et même si c’est une expérience intense, il faut faire du beau travail. J’avance bien, et j’ai hâte que cela sorte« , sourit Sow, toujours avec l’Afrique à cœur.