Le sérail au Mali est en ébullition depuis hier. La junte au pouvoir a nommé ce jeudi 21 novembre un militaire, le général Abdoulaye Maïga, au poste de Premier ministre en remplacement du civil Choguel Kokalla Maïga, limogé la veille après avoir critiqué le régime, a-t-elle annoncé sur la télévision d’État.
« Le général de division Abdoulaye Maïga est nommé Premier ministre », dit un décret du chef de la junte, le général Assimi Goïta, lu par le secrétaire général de la présidence, Alfousseyni Diawara.
Abdoulaye Maïga était jusqu’alors porte-parole du gouvernement. Il est l’un des visages les plus publics de la junte, préposé à la lecture et, plus rarement, à l’explication de la plupart des annonces retentissantes faites par le pouvoir ces dernières années.
Il ne figurait pas initialement dans le premier cercle des colonels qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 et qui ont depuis été élevés au grade de généraux. Il s’est rapidement rallié à eux.
Sa nomination à la place de Choguel Kokalla Maïga, dont la nomination en 2021 avait été considérée comme une sorte de caution civile, paraît confirmer la mainmise des militaires sur le pouvoir.
Le général Maïga devra former un gouvernement à la suite de celui limogé mercredi soir, que la junte contrôlait étroitement. Certains des principaux membres de la junte, comme le général Sadio Camara, ministre de la Défense, et le général Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, faisaient partie du cabinet.
Le général Maïga prend la tête du gouvernement alors que les militaires maintiennent un flou complet sur un éventuel retour des civils à la tête de ce pays pauvre et enclavé, confronté au jihadisme et à une crise multidimensionnelle profonde depuis 2012.
Les militaires ont dénoncé l’engagement qu’ils avaient pris initialement sous la pression internationale de rendre le pouvoir à des civils en mars 2024 après des élections. Aucune nouvelle échéance n’est fixée.
Le général Goïta est pressenti comme probable candidat à une future présidentielle, en dépit d’autres engagements premiers des militaires de ne pas briguer le mandat à l’issue d’une période dite de transition, au cours de laquelle ils promettaient de restaurer la stabilité et la souveraineté de leur pays.
Le Premier ministre civil Choguel Kokalla Maïga a été limogé mercredi avec le gouvernement pour avoir critiqué les conditions dans lesquelles avait été acté le maintien des militaires aux commandes. Il a déploré samedi avoir été tenu à l’écart de la prise de décision et a évoqué « le spectre de la confusion et de l’amalgame » qui planerait selon lui sur la période actuelle dite de transition.