Didier Denguel
La Mère Jah est une grande militante agroécologiste. Elle a consacré une bonne partie de sa vie à défendre la nature. Installée avec sa famille sur un domaine offert par l’Etat béninois dans la forêt classée de Ahozon, dans la commune de Ouidah, la Mère Jah s’est faite durant sa vie une réputation de défenseure de la nature. Elle fonde avec son mari, le Père Jah, le Centre d’Expérimentation, de Valorisation de l’Agro-écologie, des Sciences et Techniques Endogènes (CEVASTE). La famille Jah promeut à travers cette institution, une vie respectueuse de la nature.
Le CEVASTE, est le temple où la famille Jah s’emploie à « restaurer et préserver » les terres du Benin où ces africains originaires des caraïbes ses sont installés il y’a un peu plus de 25 ans. Par le biais de diverses initiatives, ils sensibilisent les agriculteurs pour un retour aux pratiques culturales endogènes sans pesticides et engrais chimiques. Le couple prêche par l’exemple. Sur les 4 ha de terre que le gouvernement béninois leur a octroyée, ils pratiquent une agriculture bio.
Dans la partie jardin, ils pratiquent rotation et associations de plantes. On y trouve papayers, bananiers, ail, oignons, laitue, choux, tomates, épinards, … La culture du soja qu’ils transforment en le lait, en fromage (le tofu), en gâteaux ou en pâtés, la canne à sucre, le maïs, le riz qui sera planté quand les tomates seront récoltées. Tout ce qui sert à une alimentation riche et variée. Un espace est destiné à faire des semences (légumes et céréales). Ils développent aussi l’apiculture avec 5 ruches surtout pour la pollinisation.
Sur 8 autres Ha acquis personnellement, la famille Jah fait du reboisement, surtout avec des arbres alimentaires : Arbres à pain, avocatiers, baobabs, karités, corossols, calebassiers, pommes cannelles… La famille Jah a également mis sur pied, un programme passionnant baptisé « Artisanat d’art utilitaire ». Ce programme consiste en la fabrication d’objets d’ordre utilitaire avec des matériaux naturels, calebasses, argile et poterie (pots, passoires, bols, cafetières, théières), cordes, sacs, nattes, stores, toiles de coco…
Pour transmettre toutes ces connaissances aux jeunes générations, la famille Jah a créé « l’Ecolojah, » une école primaire sociale et humanitaire qui accueille les orphelins et les enfants issus de familles démunies. Dans cette école, les enfants reçoivent les enseignants inscrits au programme national mais pas que. Dans le jardin scolaire pédagogique de l’école Ecolojah, les apprenants sont initiés à l’agroécologie. Ils sont aussi formés à l’artisanat et dans la perspective de transmettre la fibre panafricaniste aux enfants, l’Ecolojah enseigne l’histoire panafricaine à ses apprenants. Les enfants reçoivent des enseignements sur l’histoire du premier ministre de la République Démocratique du Congo, Patrice Lumumba, du Capitaine Thomas Sankara, de MalcolmX, de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, de Xhi Menen I, Saraouina, reine africaine, de Kwame N’Krumah, homme d’État indépendantiste et panafricaniste qui dirigea le Ghana indépendant, Marie Rose dite Toto, figure majeure de la révolte guadeloupéenne de 1802, Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.
La Mère Jah est persuadée que, « L’éducation sur la panafricanité est essentielle pour bâtir un continent uni et prospère. ». Ces enseignements sont heureusement, transmis à 200 enfants d’Afrique chaque année, à l’Ecolojah.
Mère Jah aura eu une vie pleinement utile pour les Afro-descendants dont elle fait elle-même partir. Maintenant que les ancêtres ont repris, son âme, on est au moins rassuré de ce que la flamme qu’elle a su si brillamment allumée ne s’éteindra pas.
