Le musée national du Cameroun est un lieu chargé d’histoire. C’est l’un des sites les plus mythiques de la conservation de notre patrimoine historique. Au fronton du musée, trois images.
La première est une photo du tout premier bâtiment construit en matériaux définitifs dans la ville aux sept collines. Il s’agit d’un bâtiment construit en 1894, et ayant appartenu au major d’homme du Gouverneur allemand Hans Dominik. Situé derrière les services du ministère des finances, il a offert au musée national ses premières collections et est aujourd’hui transformé en musée régional du centre.
La deuxième photo, est celle du palais des hauts commissaires et gouverneurs français au Cameroun. Au total, quinze hauts commissaires et gouverneurs français y ont habité, dès son érection entre 1930 et 1933, jusqu’à l’accession du Cameroun à l’indépendance en 1960.
Cette bâtisse sera transformée en palais présidentiel par le président Ahidjo. Il va étendre le bâtiment, en y construisant deux ailles, l’une à droite abritant ses services et l’autre à gauche lui servira de domicile. L’ancien palais présidentiel sera transformé en musée national en 1988.
Ce sont ses images qui reçoivent tous les visiteurs à qui le musée national du Cameroun accepte d’ouvrir ses portes.
Adolf Ngosso Din, premier diplomate camerounais.
Secrétaire du chef Rudolf Douala Manga Bell, Adolf Ngosso Din est mort à l’âge de 32 ans, tué par les allemands le 08 août 1914. Ngosso Din est considéré comme le père du nationalisme camerounais. Il fut le premier à plaider la cause camerounaise à la tribune des nations unies, en 1914.
Pour porter les revendications de ses concitoyens à l’international pendant que son chef Rudolf Douala Manga Bell est tenu captif par les allemands, Adolf Ngosso Din utilise une ruse sans précédent. Il se déguise en femme et rédige son réquisitoire sur les feuilles de bâton de manioc qu’il prend soin d’attaché comme cette saucisse traditionnelle camerounaise que les allemands prisaient tant. « Notre cause est juste. Nous devons continuer tous de lutter pour libérer notre pays de la misère », écrit-il sur sa feuille de manioc.
Cette bravoure est magnifiée par le chef de l’État, son Excellence Paul Biya lors du cinquantenaire de la réunification du Cameroun à Buea dans la région du sud-ouest, le 20 févier 2014. « Nous célébrons aujourd’hui la mémoire et dans le recueillement de nos héros. Nous les remercions tous au nom de la nation pour leur vaillance, pour leur sacrifice et leur abnégation. Ils nous ont légué un Cameroun devenu un et indivisible. »
Une cérémonie d’hommage national et de remise officielle de sa photo a eu lieu il y a quelques jours au musée national de Yaoundé. L’évènement était placé sur le très haut patronage du chef de l’État. Cette photo occupe l’entrée du salon principal du musée national.
L’appel à l’unité.
L’appel à l’unité sonne très tôt dans l’histoire du Cameroun. Pendant l’occupation allemande, la ville de Douala est divisée en trois. Kamerunstadt, la ville occupée par les allemands, un comptoir et la zone des pauvres où sont reclus les autochtones de Douala. Le chef Douala Manga Bell appelle ses paires et les administrés à s’insurger contre l’occupation allemande. Cette velléité est vite matée par le colon. Le 14 août 1914, de nombreux nationalistes sont tués. La liste des martyrs est affichée au musée national.
La direction du musée vient d’aménager un espace unité. Il présente le Cameroun uni dans sa diversité. Les symboles distinctifs des quatre grandes aires culturelles du pays (Fang-beti, Grassfield, Sawa et Soudano-sahélienne) sont montrés aux visiteurs qui poussent les portes du musée national.
Parmi ces symboles, on peut citer à titre d’exemple : l’Obom, tissu emblématique des rois chez les fang-beti, le Ndop, le togu, le kaba ngondo des Sawa, les costumes des guerriers du sahel, le Mvet, instrument de musique et d’initiation chez les peuples de la forêt du Cameroun, le Nkul, tambour et téléphone traditionnel africain, le Medzan, la double cloche et le songo, jeu de société qui occupe une place importante dans la société traditionnelle camerounaise et la liste est loin d’être exhaustive.
« Le Masque Batcham », fierté nationale.
Il est considéré comme le masque le plus connu du Cameroun. « Le Masque Batcham » a traversé les siècles et les âges. Il a fait l’objet de nombreuses études et inspiré plusieurs artistes, dont le grand Pablo Picasso. Cette œuvre, fruit du génie créateur et de l’inspiration fertile des artistes de l’Afrique en miniature, a récolté plus de 2 milliards de Francs CFA au cours d’une vente aux enchères aux Etats-Unis d’Amérique.
Dans les villages du Cameroun où il a été répertorié, ce masque représente la puissance et une position de privilège dans l’organisation sociale traditionnelle du village. Au moins trois localités de la région de l’ouest se disputent la paternité de cette œuvre. Bandjoun dans le département du Koung-Ki, Bangoua dans le département du Ndé et Batcham dans les Bamboutos.
« Le Masque Batcham » représente une tête mi- animale, (hippopotame) et mi- humaine. Ce masque était sorti par les chefs lors des cérémonies funéraires, judiciaires et lors de la succession du chef.
Cette œuvre emblématique a été fabriquée vers la fin du XIXe siècle par un artisan de renom, Nossapé Tafouo dit Shu Fuo Kuoda. En 1904, il est volé par l’officier allemand Von Wuthernow. La pièce volée va être reproduite par le maraudeur et la copie sera conservée au musée de Volkerkunde de Leipzig jusqu’à sa destruction en 1943 lors du bombardement de cette ville. Plusieurs autres copies de l’œuvre ont été faites et exposées dans des musées en Suisse et en France. Le 27 février 1999, une conférence a lieu au Hilton Hôtel de Yaoundé, sous le thème : « Le Batcham » : un chef-œuvre de l’art africain.
Cette œuvre, objet de fierté nationale parmi tant d’autres est exposée au musée national du Cameroun.
Nous n’avons pas ouvert toutes les portes de cette arène mythique de la conservation de notre patrimoine historique dans ce biais. Nous vous invitons à faire un tour sur son site s’il vous arrive de séjourner dans la ville siège des institutions du Cameroun, Yaoundé, présentée historiquement comme une ville bâtie par les allemands en 1889.