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Perdu depuis des décennies, un texte de Bram Stoker retrouvé par un lecteur

L’histoire littéraire peut se révéler brutale : elle oublie certains textes tandis que d’autres sont exposés au public. La nouvelle Gibbett Hill est particulièrement exemplaire : rédigée en fin de siècle, elle avait complètement disparu des bibliographies. Brian Cleary, un lecteur passionné, l’a retrouvé et placé dans le patrimoine d’un grand maître du roman fantastique, Bram Stoker.

Bram Stoker a signé Dracula, un livre emblématique du genre fantastique qui a eu une influence considérable sur des créations plus d’un siècle après sa publication en 1897. Cependant, le titre a également négligé de nombreuses autres œuvres de l’auteur irlandais en raison de sa réussite et de sa postérité. Paul Murray, son biographe et expert en ses travaux, est au courant de cela : il lui-même a révélé trois récits inédits de l’écrivain. Il a signé non seulement trois recueils de récits, mais également des textes courts publiés de manière sporadique et occasionnelle : on en dénombre environ quinze, mais il est possible qu’il existe bien plus dans la nature.

Brian Cleary en a récemment fait la découverte, en parcourant des livres et des journaux de l’époque Stoker à la Bibliothèque Nationale Irlandaise. Il identifie une publicité pour un texte, nommé Gibbett Hill et signé par un individu nommé Bram Stoker, dans une version du Dublin Daily Express datant de 1891. Le chercheur amateur, qui se passionne pour l’œuvre de Stoker, ne connaît pas Gibbett Hill. Une recherche en ligne confirme qu’il ne se retrouve absolument pas seul dans ce contexte. « On ne la trouvait ni sur Google, ni dans les bibliographies », s’étonne – t – il chez nos confrères du journal anglais  Guardian. Il poursuit alors ses recherches et découvre le supplément du journal dans lequel la nouvelle est publiée. « C’était une histoire perdue », met-il en exergue, « et je crois que personne ne savait qu’elle existait ».

Aux origines de Dracula

Gibbet Hill tire son appellation d’une colline du Surrey, un comté du sud-est de l’Angleterre. Elle est décorée d’un monument en hommage à un marin sans identité, tué par trois individus le 24 septembre 1786. Gibbet Hill a également trouvé son immortalité dans un autre roman littéraire, celui de Charles Dickens intitulé « Nicholas Nickleby », publié en 1839. Dans le récit de Bram Stoker, trois enfants se rencontrent sur Gibbet Hill avant qu’il ne s’assoupisse. Lorsqu’il se réveille, un serpent apparemment sous le contrôle des enfants arrive à ses pieds et devient rapidement une cible privilégiée…Il est probable que le récit fantastique a été rédigé et publié pour la première fois l’année antérieure, constituant, d’après Paul Murray, une étape cruciale dans l’évolution de Stoker vers Dracula. « C’est l’année qu’il a entamé son travail sur Dracula », met en exergue le spécialiste, rappelant que ce récit emblématique « ne provient pas de rien ».

Dès les années 1870, Bram Stoker aurait entamé ses recherches, et plusieurs de ses textes regroupent des fragments du puzzle Dracula, y compris Gibbet Hill. Dans ce texte, Paul Murray a trouvé un adversaire représenté par trois personnages et quelques expressions, comme les « yeux flamboyants et pervers » (« blazed with an unholy light », traduit d’Ève et Lucie Paul-Margueritte). Ces derniers, dans le récit, « brillaient d’une lueur sombre perverse » (« gleamed with a dark unholy light »). Lors du festival Bram Stoker, la Rotunda Foundation s’associe au conseil municipal de Dublin pour présenter une nouvelle version de Gibbet Hill, préfacée par Brian Cleary, Paul Murray et Roddy Doyle, mais également illustrée par Paul McKinley. Le fonds Charlotte Stoker, dédié à la mère de Bram Stoker, sera utilisé pour financer les travaux d’étude sur la surdité congénitale.

 

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