André Marie MBIDA
Après une première semaine de ventes de près de 23.000, la deuxième semaine dépasse les 36.600 (source : Edistat) pour Ce que je cherche. Effectivement, le livre signé par le président du Rassemblement national dépasse les ventes du prix Goncourt 2024 pendant la semaine 46 (11-17 novembre) – un fait assez exceptionnel pour être mis en évidence. Ce que je cherche est le premier ouvrage de Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) et député au Parlement européen. Ce livre autobiographique, publié en novembre 2024 aux éditions Fayard, relate le parcours personnel et politique de l’écrivain, depuis son enfance à Drancy, en Seine-Saint-Denis, jusqu’à son ascension au sein du RN.
De plus, c’est le premier livre publié par un haut responsable du Front National (FN, ancienne appellation du RN) depuis plusieurs années : comme l’a souligné le magazine littéraire français ActuaLitté, Marine Le Pen était sans éditeur à partir de 2016. Ainsi, le slogan final du Front national était Pour que vive la France. Cependant, la transition entre le FN et le RN aura été nécessaire pour que Bardella, une figure médiatique, retrouve son chemin vers les librairies. D’après Edistat, les ventes sont actuellement de 16 % en librairies, tandis que 23 % sont réalisées dans les grandes surfaces alimentaires. Il s’agit d’une popularité élevée dans les grandes surfaces spécialisées telles que Fnac, Cultura, Centres Leclerc et autres.
Fils d’une famille italienne, Bardella parle de ses origines modestes et de son engagement politique très tôt, à 16 ans. Ses pensées sur l’identité française, la souveraineté nationale et les défis actuels auxquels la France est confrontée sont partagées. L’écrivain défend une alliance entre les classes populaires et une partie de la bourgeoisie conservatrice, en se basant sur la stratégie qui a porté au pouvoir Giorgia Meloni en Italie. Le livre a engendré diverses réactions. Dans le RN, il est considéré comme un manifeste pour l’unité des droites françaises. Toutefois, selon certains observateurs, cette position remet en cause la stratégie « ni gauche ni droite » historiquement adoptée par le parti. Et le titre tire également parti de sa controverse, avec le refus de la régie Médiatransports d’afficher des publicités, à la suite duquel Fayard a finalement déposé une plainte.
Cependant, du point de vue commercial, la réussite est à l’œuvre et plus d’un tiers des livres imprimés ont été vendus. Toutefois, il est important de noter que le piratage de ces Mémoires correspond à la réussite commerciale. L’avance sur droits versée ne sera pas encore connue afin d’évaluer la réussite commerciale globale de l’éditeur. Effectivement, le livre a été consulté plus de 84.420 fois et peut être téléchargé par un piratage. En raison de la simplicité de la procédure pour obtenir le fichier EPUB, il est raisonnable d’estimer qu’au moins 50 % des consultations ont abouti à un téléchargement. Mais sans doute davantage. Actuellement, la maison Fayard n’a pas donné de détails sur les ventes numériques légales. Prenons toutefois en compte le fait qu’il ne s’agit que d’une seule plateforme qui affiche ses statistiques de consultation : à cette heure, si 59.611 versions papier à 22,90 € (Un peu plus de 15.000 FCFA) ont été achetées, il est certain que les téléchargements pirates représentent au moins deux fois ce volume.
