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Quand le web déconnecte les familles

Les temps glorieux, le roman de Florentin Abadoma, questionne la soumission des familles aux habitudes digitales, sources d’éloignement et d’indifférence.

Les sourires sont-ils sincères lorsqu’ils s’affichent sur une photo de profil ? Facebook filtre-t-il l’honnêteté d’une compassion qui s’étale au bas d’un « Rest in peace » publié en statut ? Les émoticônes valent-ils autant que la chaleur d’une accolade ou d’une poignée de mains ? Réponses à ces interrogations qui jaillissent d’une époque assujettie à l’omnipotence des likes et des tweets traversent les 160 pages du roman de Florentin Abadoma. Les temps glorieux (Les Impliqués) nous connecte à cette quotidienneté dont la virtualité transforme la famille en une sépulture où a été inhumée l’autorité parentale. Bill Manga, le héros de cette intrigue 2.0, en affronte les dures aspérités à travers son épouse Dana et sa fille Liza, citoyennes vergogneuses d’une république des internautes où les giga-octets comptabilisent la notoriété. Une porte qui s’ouvre vers l’éloignement, la froideur et l’indifférence, thèmes principaux développés dans cet ouvrage où se construit aussi une contre-attaque faite de convivialité et d’amour. Des valeurs dont Mariette et Morel, personnages vieux-jeu en ces temps où WhatsApp s’est substitué au son d’une voix, sont les porte-étendards. L’intrusion de cette infirmière et de son fils dans la vie Bill Manga restaurera ce que le numérique avait ôté de sa vie : la saveur d’un après-midi en famille, autour d’un repas exquis, les bouches pleines de soupe et d’amabilité.

Dans un style à la fois décontracté et rythmé, Florentin Abadoma a le détail au bout de la plume. Descriptif dans son récit, cet entrepreneur de l’économie numérique installe son lecteur dans un décor où cohabitent, dans un agencement méticuleux, les parures de chacune des journées  au Cameroun, pays dont le nom ne figure dans aucune phrase de son œuvre pourtant. Le football et ce Lion dans son rugissement distinctif qui est figé sur ce T-Shirt que Morel arbore lorsque son talent de milieu de terrain s’exprime dans un stade de football, la modestie d’une classe moyenne qui s’accommode de friperie, de repas frugaux et de bières, et de cette bouteille au fond de laquelle s’empile l’inassouvissement de nombreuses vies. Un livre aux couleurs locales, avec un épilogue dans les paragraphes duquel triomphe la famille, ce socle que rien n’érode.

 

 

 

 

 

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