Depuis la victoire de Marcel Bernard en 1946, aucun français n’avait remporté ce tournoi ; plus précisément, aucun français ne s’était jamais imposé dans l’un des trois autres tournois dits du Grand Chelem.
Véritable moment emblématique du calendrier sportif, Roland-Garros, diffusé en direct depuis 1978 est devenu une messe sportive dont la capacité de séduction est notamment liée à son statut de laboratoire de télévision sportive. On peut donc imaginer l’émotion suscitée par la victoire. Ce 5 Juin 1983, pratiquement 11 millions de spectateurs sont rivés devant leur petit écran pour suivre la finale entre le suédois Mats VILANDER et Yannick Noah. L’émotion est à son comble lorsque aussitôt après la balle de match, Noah père et fils faisant fi du protocole tennistique policé, se ruent l’un vers l’autre et s’étreignent au milieu du court central.
Le lendemain, la presse mondiale en parle et Yannick Noah devient une légende noire du tennis.
Cet évènement marquant sur le plan sportif et médiatique donc, l’est aussi sur le plan social et politique car Yannick Noah a à plusieurs reprises été victime de racisme. De ce fait, il s’est fait revendicateur de l’altérité en ces propos : « Je serai l’ambassadeur des Noirs. Je leur prouverai qu’un noir peut battre un blanc ».
Dans un tel climat, l’élévation d’un champion aux origines mêlées revêt une forte portée symbolique qui n’échappe ni au public, ni aux commentateurs, ni au champion lui-même.
Yannick Noah devient indubitablement une star de la musique et du tennis ayant impacté positivement l’histoire de la négritude.