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Replis identitaire, la déclaration des chefs Sawa qui créée la polémique

Sa majesté Ewané Joël, chef du village Mbokala, affirme que, « les Sawa ont été les premiers à se vêtir au Cameroun ». Cette déclaration relayée par CRTV Web alimente la controverse au sein de l’opinion nationale camerounaise.

Au premier abord, cette déclaration de Sa Majesté Ewané Joël peut paraitre inintéressante. Pourtant, la question préoccupe la communauté  scientifique. Dans plusieurs pays, les musées dédiés aux textiles, aux costumes anciens occupent une place de choix dans les politiques publiques. De plus en plus, les données s’acculent à travers l’exhumation de vêtements, surtout de l’Egypte ancienne et permettent ainsi une reconstitution de l’histoire de l’humanité (Johnstone ; 2015 : 36). Notons pour le regretter qu’au Cameroun, le sujet n’est pas au centre des préoccupations des pouvoirs publics.

Toutefois, une étude sérieuse intitulée vêtir et se vêtir au Cameroun : potentialité, pratique et souveraineté vestimentaire a été menée. Les résultats de cette étude menée en 2017 a débouché sur la publication d’un ouvrage collectif au deuxième trimestre de l’année 2018. Un constat clair se dégage de cette production scientifique.

Le Cameroun est une diversité, du point de vue vestimentaire. La floraison de styles, en ce domaine, reflète l’histoire, l’écologie et les climats,  de l’Afrique en miniature. A chaque aire culturelle, on peut corréler un art complet de se vêtir ou un élément plus ou moins symbolique du vêtement.  Ndop dans les Grassfields, Ntieya dans le royaume Bamoun, Obom et dérivés dans le grand sud, Leppi et Godo en coton dans le septentrion. Se vêtir et vêtir les autres sont des actes hautement humains. Fort de ce qui précède, peut-on dire que la déclaration de Sa Majesté Ewané Joël est teintée de prétention ?

La polémique…  

De nombreux internautes ont mal digéré cette sortie du chef du village Mbokala. Des anonymes comme les célébrités ont été choqués par cette déclaration. Pour le journaliste Robert Tabokbé, « une chaine publique ne devrait pas relayer un non fait aussi énorme ». Il demande à CRTV Web de supprimer ce post, mieux de faire une publication où elle indique que : « Depuis toujours, le Cameroun a eu des peuples qui de leurs mains ont fabriqué vêtements, chaussures, colliers, et même senteurs à parfum.» Le cinéaste Martin Poulibé rappelle quant à lui aux chefs Sawa que, « Dans le sahel, le tissage du coton sous forme d’habit date depuis des millénaires. » Il cite à titre d’exemple les guerriers Moundang qui portaient depuis des lustres, des habits tissés à la main pour danser. Enada Stheve Brice pour sa part argue que, cette sortie malheureuse « remet en cause l’authenticité de nos chefs actuels ». Des études sérieuses doivent au demeurant être produite sur le sujet, afin d’édifier de manière plus claire l’opinion nationale sur la question.

 

Written by Didier Denguel

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