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Russie : Les artistes dans le collimateur du pouvoir

Ecrivains, musiciens et autres cinéastes opèrent désormais dans un contexte de division. Une situation survenue avec le conflit russo-ukrainien.

Ouverture, le 14 mars 2023 à Saint-Pétersbourg, du procès de l’écrivain Dmitry Glukhovsky. L’auteur de Metro 2033, best-seller paru en 2010, est jugé par contumace par un tribunal qui l’accuse de « faux » concernant les forces armées russes. Dans la meilleure des issues pour lui, une forte amende si la sentence lui est défavorable. Un agent étranger, soupçonne le Kremlin, autant que le chanteur de rap Oxxymiron. Musicien aux textes contestataires et adulé par la jeunesse, il vit désormais avec une cible du pouvoir dans le dos. Les fusillades dans les écoles, l’inégalité des richesses entre oligarques et gagnepetits, privation de libertés…ces thèmes sont des antiennes que fredonne toute la Russie. L’interdiction qui s’en est suivie n’a pourtant affecté le succès attendu de ses chansons. 15 millions de vues en mi-septembre sur YouTube, plateforme interdite pourtant dans le pays.

 L’oppression judiciaire à laquelle sont confrontés les hommes et femmes de culture en Russie s’est accrue avec « l’opération spéciale en Ukraine », l’invasion du territoire ukrainien par le Grand Ours en français facile. Pro et anti-Poutine s’affrontent depuis lors dans l’espace culturel, estrade où prestent les artistes favorables au pouvoir. Exemple pris avec Shaman, vainqueur d’un télécrochet qui l’a sorti de l’anonymat et auteur de « Je suis russe », chanson qui passe en boucle sur toutes les antennes de radiodiffusions et de télévisions. Cette vedette fabriquée par l’establishment moscovite remplit les salles malgré la cherté de ses tickets – 30% plus couteux que la moyenne –  et répond à toutes les invitations des forces russes stationnées dans le Donbass.

Ne pas connaitre ces artistes dans la Russie d’aujourd’hui suffit à mettre le dispositif sécuritaire en branle. Chose vécue avec les OMON de la police anti-émeute qui ont déboulé casqués et vêtus de noir dans deux bars du centre de Moscou, une accusation de collecte illégale d’argent pour l’armée ukrainienne au bout du fusil. En plus du « Z » de l’opération spéciale qu’une cliente a été contrainte d’écrire sur une vitre, c’est un titre de Loubié, le groupe fétiche de Vladimir Poutine, que de jeunes clients ont été contraints de chanter. Une scène qui a été filmée et qui a battu des records de viralité sur internet.

Et que dire donc du musée Pouchkine, secoué cette semaine par le licenciement de sa directrice, remplacée par une ancienne militante du mouvement de la jeunesse Pro-Kremlin, passée ensuite au ministère de l’Intérieur. Une actualité déjà précédée par des changements survenues dans deux célèbres musées : la galerie Trétiakov à Moscou et le musée russe de Saint-Pétersbourg. Comme chez Pouchkine, ce sont des dévots au culte poutinien qui en ont hérité des manettes.

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