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Sa Majesté Obama Eloundou Nicaise : « Le chef est la première personnalité d’un pays »

Le chef de 3e dégré du village Ndangueng dans l’arrondissement d’Okola dans la région du Centre parle des rites d’initiation des chefs dans la communauté Fang-béti du Cameroun.

Quelle perception a-t-on des rites initiatiques dans la communauté Fang-béti ?

Le rite chez les peuples Fang-béti est quelque chose qui a commencé depuis fort longtemps. Les jeunes gens, subissent certains rites qui devenus adultes, leurs permettront d’acquérir certains savoirs et pouvoirs. Il y’a des rites initiatiques pour les prêtres traditionnels et des rites initiatiques pour les chefs traditionnels.

Quelles sont les différentes étapes d’initiation des chefs traditionnels chez les Fang-béti ?

Pour accéder à des chefferies dans les régions du Centre, du Sud et de l’Est, on procède déjà dans certains cas par le vote. Ce qui n’est pas en conformité avec nos traditions ancestrales. Dans nos sociétés précoloniales, pour accéder au trône du chef, il fallait se préparer. Le futur chef était identifié dès sa naissance. Il recevait donc dès sa prime enfance, certains rites initiatiques et tout au long de sa vie, il était soumis à des rituels qui le préparaient à assumer pleinement sa future fonction de Roi.

Comment faisait-on pour identifier que c’est précisément cet enfant qui prendra la succession de son père ?

Chaque village, chaque peuple avait un totem qui était le protecteur du village et des populations qui y vivaient. Ce totem n’apparaissait pas n’importe comment. Il apparaissait quand un évènement important devait arriver dans le village. Le chef donc pouvait faire plusieurs enfants sans que cet animal protecteur du village ne se présente. Lorsque le futur chef naissait donc, ce totem apparaissait. Les notables se saisissaient immédiatement du nouveau-né et son initiation démarrée à l’instant.

Cette situation n’était-elle pas de nature à créer des convoitises et des jalousies de la part des autres frères…

Évidemment que ça créait des jalousies. Mais chaque fois que le futur chef naissait, il était encadrer par les notables et parfois même éloigné de ses frères et quelques fois du village. Toutefois, je trouve que la situation actuelle de la chefferie traditionnelle dans les peuples Fang-béti est désastreuse. Lorsque l’on procède à l’élection du chef, même-ci ce dernier est un fils du défunt chef, cela pose un problème de préservation de notre héritage ancestral.

Parlons à présent du rite d’intronisation du chef chez les Fang-béti.

Le rite d’intronisation du chef se fait par les notables. Ce n’est pas ouvert au grand public parce que il y’a des pouvoirs qui sont transmis au chef qui doivent demeurer secret pour le commun des mortels.

Chez les Grassfield, le chef va au la’akam quelques temps avant son intronisation. Existe-il une étape analogue dans le rituel d’intronisation des chefs Fang-béti ?  

Non. Il n y’a pas une telle étape dans le processus d’intronisation du chef chez les Fang-béti. Chez nous, le chef est initié dès sa naissance et pendant toute sa croissance jusqu’au jour où il prendra la succession de son père.

Une partie de l’opinion nationale pense que, le chef traditionnel dans les communautés Fang-béti est dépouillé de tout pouvoir mystique. Est-ce aussi votre avis ?

Ce n’est pas totalement faux. Lorsque vous avez des chefs qui sont investis, voir nommés dans certains chefferies, des gens qui viennent s’asseoir sur des trônes qui n’ont  appartenu à aucun de leurs parents proches, ils viennent là comme une assiette vide. Ils sont à la merci de tout le monde, ils sont là comme des jouets. Le chef normalement est dépositaire d’un pouvoir ancestrale qui lui permet d’asseoir son autorité dans sa localité. Il doit aussi soigner sa conduite, sa manière d’être et de faire. Le chef est la première personnalité d’un pays. Le chef de l’État est investi par le pouvoir du peuple, le chef lui il est investi par pouvoir des ancêtres et son mandat est illimité, pendant que celui du président de la république est limité dans le temps. J’invite les chefs des régions du Centre, Sud et de l’Est à prendre conscience du pouvoir absolue qui est le leur et à travailler pour restaurer le prestige de la notabilité traditionnelle qui a du plomb dans l’aille dans cette partie du pays.

   

Written by Didier Denguel

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