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Tatè Nsongan : « le génie noir de Turin » se dévoile.

Musicien poly-instrumentiste, Tatè Nsongan fait valoir son génie en Italie où il s’est installé depuis 1981. Rencontre avec un citoyen du monde qui reste toutefois très attaché à ses racines africaines et camerounaises en particulier. 


Nsongan Zénon Bienvenu de son vrai nom est un musicien, compositeur, poly-instrumentiste originaire du Cameroun et naturalisé Italien, Tatè Nsongan sur la scène, il apprend à jouer des instruments traditionnels africains dès son enfance. Né dans une famille de musicien, le jeune Zénon Bienvenu n’est pas autorisé à faire de la musique. Curieux et téméraire, il suit discrètement ses frères ainés qu’il regarde joué de la musique par une porte dérobée. Il va de cette façon somme toute particulière « Tatè » le terrain sinueux du quatrième art. Ses frères ainés le baptisent « Tatè » et ce nom de baptême il va le garder lorsqu’il rejoint vers la fin des années 70  l’ensemble chorégraphique « Les Génies Noirs de Douala », un groupe de musiques et danses rituelles fondé par Monthé Felix.

Poly-instrumentiste, Tatè Nsongan touche pratiquement à tous les instruments. Les percussions restent toutefois ses instruments de prédilection. Il se passionne particulièrement du tambour d’appel et du balafon. C’est aussi un chanteur qui a prêté sa voix à plusieurs collaboration avec des artistes d’ici et d’ailleurs. Il surfe du reste sur des styles divers et variés.

La rencontre avec « Les Génies Noirs de Douala », se fait par le truchement de son frère ainé François Nsamnick, qui en était membre. François lui fait l’offre de rejoindre le groupe et le jeune Tatè ne boude pas l’offre. C’est le début d’une aventure artistique qui lui vaut de se produire sur différentes scènes à Douala, la capitale économique de son pays d’origine le Cameroun et d’être désigné chef de cet orchestre de musique et danses rituelles.

En 1981, une rencontre va changer le destin du jeune homme. Laurenzo un italien qui vivait et travaillait au Cameroun, prend contact avec une école de musique classique en Italie. Elle organise un festival annuel de restitution des cultures à Turin. Laurenzo demande au groupe s’il serait intéressé de participer à ce festival. « Les Génies Noirs de Douala », sautent sur cette aubaine et arrive à Turin au mois de juin 1981. Au terme du festival, il leur propose d’autres prestations sur le vieux continent. Une partie du groupe y renonce et choisie de faire le chemin du retour. Tatè Nsongan et quelques autres, font le choix de rester en Italie et d’y poursuivre leurs carrières.

Tatè Nsongan prend la nationalité italienne. Ce choix précise-t-il, n’est pas un renoncement à sa « camerounité », mais plutôt une manière d’échapper aux tracasseries dues aux formalités consulaires auxquelles il était astreint.

En  1991, Tatè Nsongan rejoint la formation musicale de folk rock turinoise Mau Mau en tant que percussionniste et seconde voix. Avec elle, il participe à toutes les tournées et à l’enregistrement d’une grande variété d’albums. Tatè Nsongan fonde ensuite le groupe musical « KinKoba », la voix du passé en langue Bassa. Il publie en 2000, avec la participation de Le « EdizioniMusicaliIlManifesto », son premier Album solo « Etnokult », fruit de sa recherche personnelle qui unit tradition et modernisme. Il va d’ailleurs inspirer de nombreux groupes italiens qui commencent à utiliser leurs langues locales pour s’exprimer artistiquement.

Tatè Nsongan travaille également en étroite collaboration depuis de nombreuses années avec différents instituts, associations italiennes et artistes d’échelon international afin de partager sa culture d’origine et sensibiliser le public à l’inter culturalité

Le succès probant que ses activités artistiques rencontrent débouche sur la naissance de l’association « KinKoba-VociLontane », cette association génère des laboratoires de musique, de danse et d’éducation interculturelle dans des écoles, des centres d’agrégation des jeunes et des ludothèques municipales. On peut à ce titre, citer, la conception et la publication d’un livre avec CD du conte musical « La falsa nota di Nyambé », en 2005, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Immigré. Ce projet, inspiré des œuvres de Francis Bebey, «  Africa Sanza » il enregistre dans les années 80,  plusieurs morceaux autour de la sanza, sorte de petit piano à doigts à la sonorité métallique, instrument emblématique des griots et de la tradition orale africaine. « La falsa nota di Nyambé », de Tatè Nsongan raconte le rite de la naissance chez les peuples Bantou d’Afrique noire.

En 2006, il sort, avec le soutien de l’IMAIE, l’Album « Acqua in musica », résultat de travaux de laboratoire sur le thème de l’eau, effectués dans des écoles et jardins d’enfants de Turin. L’artiste fait parler ici, son engagement pour la gestion durable des ressources naturelles et particulièrement de l’eau. Rappelons que, d’après les Nations Unies, 37 pays dans le monde font face au problème de pénurie d’eau et que les deux tiers de la population mondiale en souffriront d’ici 2025.

Depuis  2007,  Tatè Nsongan  collabore avec la formation « Saba ». Ensemble, ils ont participé à divers festivals et projets. Il a d’ailleurs grandement contribué au disque « Jidka » (World Music Network), en qualité de compositeur et de musicien. Artiste féru de collaboration,  « TatèNsongan Trio », qui voit le jour en 2009 suivi en 2016 de « DikaloLissen’Up » s’inscrivent dans la continuité de cette carrière prolifique qui se poursuit. Après le single « DON’T FORGET » qu’il vient de publier en collaboration avec Bianda, Tatè Nsongan en a produit quatre autres, dont « Na Nguigna » en duo avec le prince de « l’Ambass-bey » Sallé John. L’aventure musicale de ce génie noir est loin de s’arrêter là.

 

 

Written by Didier Denguel

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