André Marie MBIDA
Un jury avait jugé à l’unanimité que Donald Trump était responsable de l’agression sexuelle de l’autrice américaine E. Jean Carroll, en 1996, dans un magasin Berdorf Goodman new-yorkais. Il avait été condamné à une amende de 5 millions $ pour dommages et intérêts. Ce procès mémorable était le résultat d’une plainte pour viol déposée en 2022 par la victime, grâce au New York Adult Survivors Act, une loi de l’État de New York qui octroyait aux adultes victimes d’agressions sexuelles ou de viols par le passé la possibilité de porter plainte contre leurs agresseurs, en levant temporairement le délai de prescription.
Carroll a fait sa première accusation publique en juin 2019, alors que Trump était encore président des États-Unis. Bien que ce dernier ait démenti, elle avait persisté et avait publié un livre, What Do We Need Men For? : A Modest Proposal (St. Martin’s Press), dans lequel elle abordait notamment cet événement et ses répercussions. Lors de la décision, en mai 2023, E. Jean Carroll, une journaliste et autrice, s’était exprimée satisfaite, même si les jurés n’avaient pas retenu le terme de « viol » que la plaignante revendiquait. « De nos jours, la vérité est finalement connue par le monde entier », commentait Carroll. » Cette victoire n’était pas seulement la mienne, mais celle de toutes les femmes qui ont enduré le fait de ne pas être entendues ».
En ce qui concerne Trump, il avait critiqué un « mensonge » ainsi qu’une « chasse aux sorcières », avant de faire appel de la décision. Le 30 décembre, le deuxième circuit de la Cour d’appel des États-Unis a confirmé la condamnation de Trump pour agression sexuelle et diffamation, et a maintenu l’amende à 5 millions $. Les arguments de la défense, basés notamment sur des décisions du juge Lewis A. Kaplan, n’ont pas été considérés comme convaincants par les trois juges de la cour d’appel. Selon Trump et sa défense, Kaplan avait en effet violé son devoir d’impartialité en écoutant les témoignages de deux autres femmes qui accusent Trump d’agression, à savoir l’autrice et journaliste Natasha Stoynoff et Jessica Leeds. De plus, en diffusant un extrait des coulisses de l’émission Access Hollywood, datant de 2005, Donald Trump se vante de « prendre [les femmes] par la chatte ».« Nous concluons que M. Trump n’a pas démontré que le tribunal de district a commis une erreur dans l’une des décisions contestées. Par ailleurs, il ne s’est pas acquitté de la charge qui lui incombait de démontrer que l’une ou l’autre des erreurs alléguées ou une combinaison d’erreurs alléguées avait porté atteinte à ses droits substantiels, comme cela est nécessaire pour justifier l’ouverture d’un nouveau procès », ont indiqué les juges, rapporte l’Associated Press.
La récente victoire de Donald Trump a été soulignée par Steven Cheung, porte-parole de ce dernier, qui a affirmé que ses électeurs « demandaient la fin de la politisation de la justice et l’arrêt de toutes les chasses aux sorcières, y compris l’arnaque Carroll, inventée par les Démocrates et dont le verdict sera toujours contesté ». Dans cette situation, il faudrait que la Cour suprême se prononce. N’oublions pas que Donald Trump a également été condamné pour diffamation envers E. Jean Carroll, dans une affaire différente, dont le jugement a été rendu en janvier 2024. Cette fois-ci, il était condamné à une amende de 83 millions de dollars pour des déclarations faites pendant son mandat de président des États-Unis : il avait mis en évidence que les « fausses accusations diminuent la gravité des agressions réelles » et affirmé que Carroll n’était de toute façon « pas son genre [de femmes] ». Cette autre condamnation a été contestée par lui, et la procédure est en cours.
