Le lundi 21 octobre, le procureur de Marseille signalait à l’AFP qu’il avait « lancé une enquête préliminaire » suite à la « réception de réclamations de justiciables » qui ont été ajoutées au livre « Tueurs à gages ». Cette enquête, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale, également appelée « police des polices »), a pour objectif d’établir si le secret de l’enquête ou de l’instruction a été violé ou non. Cependant, cela est nettement moins fréquent évoqué par La Provence, ce qui pourrait également préoccuper les journalistes qui écrivent des livres.
Dans leur livre, Jean-Michel Décugis, Vincent Gautronneau et Jérémie Pham-Lê, les trois journalistes du Parisien, se sont penchés sur le phénomène récent des shooters. Un phénomène fortement amplifié par la refonte des médias sociaux, qui agissent désormais comme une plateforme pour embaucher et régler des comptes en ligne.
Un tueur à gages embauché sur Snapchat
L’ouvrage, publié le 9 octobre, se focalise principalement sur la DZ Mafia, un des clans majeurs de Marseille, parmi les plus influents de la ville, qui exerce une domination violente dans la ville phocéenne. Le livre met l’accent sur « l’affaire Matéo », un homme de 18 ans qui aurait proposé ses services en tant que tueur à gages via Snapchat, à la DZ Mafia. Il serait impliqué dans plusieurs meurtres destinés à un clan rival, dont les vidéos diffusées sur le réseau social auraient déterminé sa rétribution en fonction de leur réussite virale.
Ainsi, les médias auraient révélé des informations sensibles, comme les identités et les photos de trois individus soupçonnés d’être les dirigeants de la DZ Mafia, en plus des nombreuses réclamations qui composent le dossier judiciaire. Une source policière de La Provence leur a déclaré la semaine passée que « C’est allé au-delà, sans parler du fait qu’ils se mettent potentiellement en péril ».
« Des journalistes qui n’ont fait que leur travail »
Dans un communiqué, les trois auteurs se sont défendus : « Lorsque la police manque de ressources pour combattre le trafic de drogue, elle se lance dans une enquête sur des journalistes qui ont consacré tout leur travail à enquêter sur un phénomène criminel structuré qui est désormais contemporain et d’intérêt public. » Dans les colonnes de France 3, Jean-Michel Decugis, un spécialiste des affaires judiciaires et coauteur du livre, déclare : « Depuis 30 ans, je travaille comme journaliste en violant le secret de l’instruction dans l’intérêt du public. Mon rôle consiste à obtenir un accès à ces enquêtes judiciaires. L’enquête n’est pas gardée secrète par le journaliste, il ne porte aucune responsabilité. Ensuite, il y a les recels, c’est une autre question. »
Concernant l’acquisition de ces données, il reconnaît qu’il est compréhensible que les magistrats soient en colère lorsqu’ils perçoivent leurs dossiers dans un bouquin, mais chacun effectue son travail. « En tant que journalistes, nous rapportons des faits sociaux et il incombe à nous d’apporter ces détails au public », a – t – il poursuivi avant d’ajouter qu’ « « En 2003, lors de l’affaire Cofidis, nos bureaux ont été perquisitionnés, nos ordinateurs et téléphones saisis, mais nos sources n’ont pas été découvertes. Cinq ans plus tard, nous avons mené en justice l’État français. On a été relaxés. »