in

« Une chefferie en panne » : Péril sous le trône

Ce récit de Baptiste Eboje est une incursion à hauts risques dans le maelstrom qui traverse des chefferies traditionnelles où sorcellerie, corruption et autres luttes de positionnement font et défont des rois.

Exif_JPEG_420

Ngomban, patelin de l’arrondissement d’Edzedouan dans la région du Centre-Cameroun. La nuit qui s’étend sur la centaine d’âmes qui y vit s’estompe tous les matins avec une chronique qui échaude les discussions entre deux gorgées de vin de palme : sait-on diable pourquoi les règnes sont-ils aussi brefs sur le trône des « Ngombanais » ? La réponse à cette interrogation commence par des aveux obtenus au forceps sur la sorcellerie qui a notamment causé la mort de certains monarques, coupables de n’avoir pas su accorder leurs violons avec les lucifériens de la contrée. Ces règnes, éphémères chez Olinga Ateba et embryonnaires chez Célestin Efoua, ont été ponctués dans l’odeur âcre du sang qui suinte du couteau mystique que se partagent Mbo Mbo, Eba et Oka, égorgeurs du Ngomban de la nuit et sacrificateurs d’âmes. Les sortilèges qui tourmentent cette chefferie ne valent pourtant pas pire que la corruption qui s’y est introduite avec la désignation d’Adalbert Zemot, être lubrique et sans vergogne qui accumule mensonges, pots-de-vin et trafic d’influence partout où s’étend sa rapinerie. Une chefferie en panne (Clé), récit de Baptiste Eboje, entraine le lecteur dans cette chefferie traditionnelle aux murs pavés d’ancestralité mais sur le trône de laquelle gisent moult périls. Les mains aventureuses qui veulent posséder le sceptre qui s’y trouvent sont vite harponnées par la fureur sortie des autels de réclamation.
Baptiste Eboje, nom de plume de Jean Baptiste Ebolo et natif lui également de Ngomban, braque aussi une lumière sur l’affairisme auquel se livrent les autorités administratives. Le graissage de pattes par lequel beaucoup se distinguent dans ces localités aux prises avec l’analphabétisme des populations et la précarité du quotidien ne permet pas un respect scrupuleux des traditions en vigueur. A cela s’ajoute la braderie du patrimoine foncier, autre entorse aux valeurs traditionnelles qui s’épanouit pourtant avec la complicité de certains sous-préfets, adeptes de tournées de prises de contact en plus des victuailles qui font le plein de leurs pick-up chaque fois qu’ils font une escale dans un village.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Armand Biyag : l’homme-orchestre, en vedette de l’acte 3 du Live Music Corner

La « Nouvelle Littérature camerounaise » : Mode opératoire