Un abonnement pour continuer à « scroller », cela semble incroyable. Les utilisateurs des applications Facebook et Instagram en Europe pourraient se voir proposer un abonnement payant pour utiliser leurs comptes sans publicité. Selon les informations révélées par le Wall Street Journal et confirmées par l’AFP ce mardi 3 octobre, le groupe Meta envisage de proposer des forfaits à dix euros par mois pour un compte Instagram ou Facebook sur un ordinateur, et 13 euros pour les applications. Chaque compte supplémentaire ajouterait environ six euros à la facture mensuelle.
Il est cependant important de noter que ce projet d’abonnement ne concerne que les utilisateurs en Europe. Bonne nouvelle donc pour les utilisateurs en Afrique et particulièrement au Cameroun qui se fessaient déjà un sang d’encre à l’idée de souscrire à un abonnement facebook à environ 6500fcfa le mois alors qu’ils n’arrivent déjà pas à joindre les deux bouts.
Les nouvelles règlementations européennes sur le ciblage
Cette formule permettrait au géant du numérique de se conformer à la législation européenne sur les données personnelles et la publicité ciblée. Car à l’image d’autres géants du numérique comme Google, l’entreprise américaine a bâti son empire sur un modèle très lucratif : récolter les données de ses milliards d’utilisateurs pour leur proposer des publicités finement ciblées et personnalisées. Un pistage qui n’est pas au goût des 27. L’Union européenne lutte depuis des années contre cette stratégie bâtie sans le consentement des internautes, d’abord en créant le règlement européen sur la protection des données (RGPD) de 2016, puis avec le règlement sur les marchés numériques (DMA). Entré en vigueur cet été, il vise à empêcher les plateformes d’imposer des conditions inéquitables aux entreprises et aux utilisateurs finaux.
Les entreprises concernées ont jusqu’au 6 mars 2024 pour se conformer aux nouvelles obligations si elles veulent rester sur le marché européen. C’est pourquoi Meta envisage de laisser la possibilité à ses utilisateurs de ne pas consentir à ce que le groupe récolte leurs données personnelles à des fins de ciblage publicitaire. En contrepartie, l’utilisateur participerait directement au financement du réseau social par un abonnement. « Meta croit en la valeur des services gratuits financés par des publicités personnalisées« , a indiqué un porte-parole du groupe, « toutefois, nous continuons d’étudier les possibilités de nous conformer à l’évolution des exigences réglementaires ».
Proposer une formule avec des abonnements payants représenterait un changement radical pour cette entreprise, qui a longtemps affiché que Facebook serait « toujours » gratuit. Mais avec des plateformes comme YouTube, Netflix ou X qui commencent à privilégier le choix d’un abonnement, cette idée semble avoir fait son chemin.
Meta a exposé cette proposition aux régulateurs européens en septembre, d’après une source confidentielle citée par l’AFP, mais pour l’heure Bruxelles n’a pas réagi officiellement.