Didier Denguel
L’agenda de l’attaquant du PSG Kylian Mbappé au Cameroun est très chargé. Des activités sociales et des rencontres avec les hautes personnalités de la république sont au programme de son séjour.
Le champion du monde 2018 va séjourner dans le Village Noah sis au quartier Tongolo dans le 1er arrondissement de la ville de Yaoundé. Visite d’une école, rencontre avec le Premier ministre Joseph Dion Ngute, match avec Vent d’Etoudi, une équipe de deuxième division dirigée par l’ancien champion de Tennis Yannick Noah sont inscrits dans le calendrier du natif de Bondi dont la visite se terminera par une visite sur l’île de Djébalé dans la région du Littoral, dont est originaire son père Wilfried Mbappé.
Inspired by KM…
« Je fais ça pour moi et pour ma famille» la phrase est celle du champion du monde 2018 au moment de lancer sa fondation « Inspired by KM » le 20 janvier 2020 à Bagnolet en Seine-Saint-Denis. Au lancement des activités de cette fondation, Kylian Mbappé et son équipe ont sélectionné 98 jeunes. Tout un symbole. 98 correspond à son année de naissance mais aussi à la première étoile des Bleus. Kylian veut être une source d’inspiration, mais aussi et surtout un bras séculier pour ces jeunes. « Le but n’est pas de leur vendre un rêve, mais de les aider à y parvenir. » Âgés de 9 à 16 ans, ils seront accompagnés par « Inspired by KM » jusqu’à leur entrée dans la vie active. « Ce que la société a fait pour moi, je m’en suis toujours senti redevable. Je faisais partie des privilégiés, j’ai pu faire de ma passion mon métier. » Et si le football lui prend le plus clair de son temps, Kylian Mbappé le jure, il fera tout pour être très présents pour ses 98 poulains. « Je n’ai pas créé l’association pour déléguer. Je veux m’investir un maximum. Le football est primordial, en fonction des matchs, je peux me libérer. Mais même si je ne suis pas là, comme au week-end d’intégration des enfants, je suis tout, je savais ce qu’ils faisaient en temps réel ! »
Une partie de la famille de Kylian Mbappé est installé au Cameroun, pays d’origine de son père Wilfried Mbappé. L’attaquant français veut donc aussi aider sa famille d’ici. Sa fondation a déjà réhabilité une école à Yaoundé. Le bienfaiteur descendra sur les lieux pour voir de ses propres yeux les travaux qui y ont été menés. Le samedi 8 juillet à Douala, Kylian ira à l’école publique bilingue de Bonendale et au groupe scolaire bilingue Espérance Divine. Cette descente augure-t-elle une réhabilitation avenir des dits établissement ? Nous sommes tentés de croire que oui.
Le footballeur sera accompagné pendant son séjour en terre camerounaise par le basketteur Joachim Noah. Certaines sources indiquent que les deux grands sportifs Franco-camerounais projettent de construire tout un village olympique à Obala dans le département de la Lékié. Yannick Noah chez qui il va séjourner dans la capitale du pays, vient d’entreprendre la réhabilitation du stade d’Etoudi. Faut-il envisager une participation de la fondation « Inspired KM » dans ce projet ? Cela n’est pas non plus à exclure.
La nécessaire implication de la diaspora au développement du pays.
La contribution de Kylian Mbappé au rayonnement du Cameroun peut être très significative. Cette visite remet au gout du jour la contribution de la diaspora dans le développement du Cameroun. Selon la Banque mondiale, l’épargne de la diaspora africaine, qui s’élève à 53 milliards de dollars par an, est supérieure aux envois de fonds annuels vers le continent. Cette épargne hélas est principalement investie ailleurs. Selon Dilip Ratha et Sonia Plaza qui ont participé à la rédaction du rapport 2011 de la Banque mondiale pour le développement de l’Afrique, « Si l’on pouvait convaincre un membre de la diaspora sur dix d’investir 1 000 dollars dans son pays d’origine, l’Afrique collecterait ainsi 3 milliards de dollars par an pour financer le développement »
De nombreux Africains vivant à l’étranger ont un profond sentiment d’attachement à leur pays d’origine et veulent contribuer à son développement. Au Cameroun, les exemples sont légions. Aujourd’hui, la star de Tennis et de la musique française Yannick Noah, installé dans son village à Etoudi depuis le décès de son père Zacharie Noah le 8 janvier 2017 est un merveilleux exemple.
En 2022, la contribution de la diaspora camerounaise au Produit intérieur brut (PIB) se situait à 0,8%. Bien qu’en hausse par rapport à l’année 2021, cette contribution n’est pas aussi importante que celles des diasporas des autres pays d’Afrique. Au Nigeria, les transferts de fonds en 2022 représentent 20,9 milliards de dollars, soit 39,4% de l’ensemble des transferts enregistrées en Afrique Subsaharienne. Au Kenya, ce montant est de 4,1 milliards de dollars contre 2,7 milliards de dollars US pour le Sénégal et 1,7 milliards pour la RD Congo. Selon le rapport Remittances Brave Global Headwinds de la Banque mondiale, les migrants camerounais ont expédié vers le pays un montant global de 365 millions de dollars (230 milliards de FCFA), en 2022.
Le volume des fonds envoyés par la diaspora au Cameroun augmente au fil des ans. Ils représentent aujourd’hui un important montant de l’aide publique au développement. Mais ces fonds contribuent-ils vraiment au développement ?
La grande partie des fonds mobilisés par la diaspora camerounaise, sert principalement à pallier aux besoins de la vie courante des populations récipiendaires. Ils répondent aux besoins urgents et quotidiens sans irriguer les circuits de l’économie formelle susceptibles de créer de la richesse sur le long terme.
Pour de nombreux acteurs de la société civile, ces transferts de fonds sont contre-productifs lorsqu’ils couvrent des besoins essentiels qui ne sont pas pris en charge par les pouvoirs publics.
En effet, ces fonds doivent être complémentaires des politiques et de l’aide publique au développement plutôt que de se substituer à elles.
Avec une hausse d’environ 5% de contribution en 2022, comparé aux 350 millions de dollars de 2021, la diaspora camerounaise contribue largement au rayonnement de l’économie du pays. Cependant, « ces fonds doivent être bien gérés pour avoir un rendement contribuant au développement du pays », indique Passi Mfou, jeune camerounais de la diaspora.
Le gouvernement doit donc mettre en place des politiques incitatives, susceptibles d’attirer d’avantage de compatriotes à venir investir au pays et surtout mettre en place un environnement favorable à la bonne gestion de ces investissements. Pour que rayonne le berceau de nos ancêtres au même titre que ses fils qui sont allés faire fortune ailleurs.
